Sirène d’alarme sur les ondes
Ce matin, Nicolas Sarkozy est sur toutes les ondes, pour expliquer pourquoi l’Allemagne et la France sont prêts à faire front pour obtenir du G20 une réponse concrète au problème des paradis fiscaux. Les journaux du matin s’interrogent : va-t-il claquer la porte ? est-il jaloux d’Obama ? Qui a la plus grosse ?
Ils se trompent. Nicolas Sarkozy se contente simplement d’appliquer à la lettre le traité de manipulation à destination des honnêtes gens. Ses sherpas ont en effet probablement déjà négocié une avancée concrète sur les paradis fiscaux - d’ailleurs, j’en veux pour preuve que le Luxembourg et Monaco ont annoncé par avance la coopération.
Nicolas Sarkozy, par un subtil jeu de redéfinition des enjeux, fait de cette question la soit-disante véritable pierre d’achoppement du G 20.
Evidemment, il ne s’agit pas de nier que les paradis fiscaux sont un problème. Néanmoins, c’est un sujet qui ne date pas d’hier. La vraie urgence est la refonte du système financier international, la redéfinition du rôle du dollar, et la problématique de la relance coordonnée. Or, ce sont des points de l’ordre du jour où la France est minoritaire dans le concert des Nations, le « circulez y’a rien à voir » étant la maxime officielle des Etats-Unis sur les deux premiers points, et Obama souhaitant un effort décuplé des Européens sur le troisième.
Quand le Sage montre la crise, l’imbécile regarde le doigt de Sarko
Fort intelligemment, Sarkozy choisit donc par avance son terrain de bataille, ce qui lui permettra, une fois de retour de Londres, de crier victoire. Ses rodomontades n’y seront pour rien, les avancées ayant déjà été négociées, mais donneront l’illusion que nous avons arraché ce que nous voulions. Tout en fournissant un bouc-émissaire idéal à l’opinion publique.
En outre, la normalisation des statuts de Monaco permettra de soutenir la candidature du Rocher pour accueillir la Banque Mondiale. En effet, depuis qu’au sommet de Monterrey, la décision a été prise d’implanter en Europe la soeur jumelle du FMI, les pays Européens sont divisés entre les candidatures, avec notamment des outsiders sérieux qui sont la Slovénie et la Suède.
Qu’importe que les Français se fichent en ce moment comme une guigne de ce problème, qui vient loin dans le rang de leurs préocuppations. La publicité vous fait croire que vous aviez des besoins. La propagande, elle, vous convainc qu’elle les a assouvis…
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Sujets: Olé | 7 Comments »