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Jacqueries sociales : les modes de protestation des salariés se radicalisent

Publié le 01 avril 2009 par Hmoreigne

 Et de trois. Suivant l’exemple de leurs collègues de Sony France et 3M, les salariés de Caterpillar à Grenoble ont choisi la manière forte en séquestrant quatre cadres supérieurs, dont le directeur de la branche française du groupe américain afin d’obtenir des avancées dans des négociations sociales difficiles.

Ce matin, l’intersyndicale en a appelé à Nicolas Sarkozy et aux parlementaires Européens pour demander le déblocage du “fond européen d’ajustement à la mondialisation” (FEAM), afin de permettre la sauvegarde des emplois dans les deux usines françaises du groupe américain situées à Grenoble et Echirolles (Isère). Dimanche, Jean-Claude Mailly (FO) avait mis en garde contre le risque de “révolte” dans les entreprises si le gouvernement persiste à ne pas répondre au “besoin de justice sociale” face à la crise.

L’intersyndicale de Caterpillar s’est déclarée “choquée” par “la politique sociale du groupe qui emploit113.000 salariés dans le monde, et a annoncé 25.000 licenciements depuis le mois d’octobre alors que les bénéfices sont de 3,56 milliards de dollars.” “Caterpillar est prêt à sacrifier la pérennité de son outil industriel pour garantir un retour par action de 2,50 dollars pour 2009, contre 1,02 dollars en 2008, tout en supprimant 25.000 postes sur 113.000 dans le monde” a ajouté Nicolas Benoit.

“Si le gouvernement ne comprend pas, ainsi que le patronat, ce besoin et cette demande de justice sociale, on va aller droit dans le mur. Il y a déjà, et il risque d’y avoir, des mouvements qui seront encore plus radicaux”, avait indiqué dimanche le leader de FO lors du “Forum Radio-J”. “Si, dans des entreprises, il y a des sentiments de révolte des salariés parce que le sort qui leur est fait est inacceptable, c’est de la légitime défense, et on les soutiendra”, a poursuivi Jean-Claude Mailly.

Sauver les emplois, coûte que coûte. “Nous attendons une réponse politique forte” a expliqué Benoît Nicolas, élu CGT du CE de Caterpillar, face à l’annonce de la suppression de 733 emplois sur les deux sites isérois du groupe américain, qui en comptent 2.500. La desepérance est liée au sentiment que la marge de manoeuvre des dirigeants de Caterpillar-France dans les négociations sociales semble avoir complètement disparu.

Lundi et mardi, la direction a boycotté un comité d’entreprise (CE) portant sur la mise en place du plan de sauvegarde, assurant qu’elle “ne voulait pas discuter tant que les salariés étaient en grève”. La seule réponse trouvée par les salariés a donc consisté à séquestrer quatre cadres. “On est en train de discuter avec eux pour qu’ils ouvrent un comité d’entreprise afin de débloquer les négociations”, “on va pas les laisser partir”, a expliqué Benoît Nicolas. Pour s’en assurer, une cinquantaine de salariés se sont relayés toute la nuit devant les bureaux de la direction de l’usine de Grenoble.

Mode ultime d’action, le recours à la séquestration tend à se développer. Le 13 mars dernier, le pdg de Sony France et trois hauts cadres passaient une nuit dans une usine des Landes avant d’être libérés le lendemain, pour participer à une réunion de conciliation fructueuse. Le 26 mars, c’était au tour du patron de l’usine 3M de Pithiviers, également séquestré 24 heures et également libéré après la signature d’un protocole d’accord avec les représentants syndicaux.

“Je vais sauver le site, je recevrai cette intersyndicale puisqu’ils m’ont appelé au secours d’après ce que je comprends, et on ne les laissera pas tomber”, a affirmé Nicolas Sarkozy à propos des salariés de Caterpillar. “On n’a pas le droit de donner de l’espoir et de ne pas être au rendez-vous” a répliqué en écho François Hollande sur France Inter en référence aux engagements non tenus souscrits du président de la république dans le cas du site Arcelor-Mittal de Gandrange.


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