Depuis près d'un quart de siècle, officiellement, elle n'existe plus. Sinon qu'elle est encore très présente dans l'imaginaire. Que Les raisins de la colère, de John Steinbeck, l'habitent toujours.
Eric Sarner a donc décidé de la reprendre de bout en bout et d'y glaner tout ce que sa curiosité lui offrait.
Beaucoup de rencontres, donc, et la première d'entrée:
Betty avait le regard de ceux qui ont beaucoup vu les autres s’en aller. Un regard un peu bleu, un peu transparent, un peu plus que cela, translucide, un regard un peu cassé, assez beau côté j’sais-bien-que-j’perds-mais-qu’est-ce-que-j’y-peux ?Beaucoup de demi-vérités aussi, inscrites dans l'asphalte ou ses environs, des faits minuscules grossis jusqu'à devenir des évidences à force d'avoir été martelés par des milliers de personnes - quand on croit à ses mensonges, ce ne sont plus des mensonges...
Pas mal de déceptions sur le chemin, forcément. La légende est trop belle pour être retrouvée sur le trajet. Mais aussi de bonnes surprises, dues surtout au fait que le voyageur est prêt à tout accepter de ce qui lui arrive.
Comment dit-on, déjà? Le voyage est le but du voyage - ou toute forme dérivée de cette vérité à travers laquelle s'affirment les récits attentifs aux détails les plus incongrus. Rien n'est indifférent à Eric Sarner, sinon les haltes convenues, les must qu'il écarte tranquillement de son itinéraire.
Sur la route 66 est un parcours comme on aimerait en faire, comme on aime en faire, encore et encore.