Pardon, je ne devrais pas, mais tout de même : ça énerve.
Ainsi donc, le Président de la République nouvellement élu décida d'écrire, à l'occasion de sa première rentrée, une lettre aux enseignants de France. Il y expose sa vision de l'éducation et des institutions chargés de la mettre en œuvre. Bien. Il paraît que l'initiative est inspirée d'une certaine lettre, adressée aux mêmes, par Jules Ferry en son temps. Très bien.
On apprend que cette lettre, que je n'ai pas lue, comporte quelques 32 pages. Cela fait déjà un document d'un bon poids. Ajoutons-y le nombre de destinaires : 850000. Petit problème d'arithmétique : sachant que des milliers de tonnes de papiers, des centaines de litres d'encre, ont été consacrés à l'édition de ladite missive, que les camions de la poste chargés de diffuser la bonne parole brûlent 10 litres de gasoil aux cent kilomètres, que ledit papier après lecture, finira dans 850000 corbeilles, combien d'hectares de forêts auront été dévasté pour faire passer le message, et de combien l'effet de serre sera-t-il aggravé par les rejets de CO2 afférents?
A l'heure où M. Borloo, le Ministre du développement durable, prépare son "Grenelle" de l'environnement, pour lutter contre les gaspis et promouvoir les bonnes pratiques environnementales, qu'il fait changer les ampoules électriques de son ministère à fin d'économies, on donne là un exemple désastreux. Personne n'a donc eu la présence d'esprit, dans l'entourage de la présidence, de suggérer un mode de diffusion moins coûteux en ressources, plus écologique? Par Internet, par exemple. Pense-t-on que les enseignants n'ont pas accès à un ordinateur ? Ou en couplant un courrier simple, personnalisé, avec une adresse Internet où se trouverait l'ensemble du texte, de façon à diminuer l'impact et le coût de la diffusion. Nul doute que les enseignants auraient compris (et sans doute apprécié) que soit pris en compte le respect de l'environnement dans cette opération de communication politique, si l'argument avait été posé.
Toute éducation se soutient de l'exemple donné, et d'actes cohérents, pour être autre chose qu'un discours creux. Une occasion de faire une pédagogie du développement durable a été manquée.