Le lecteur de ce blog sait que j’ai un petit faible pour les auteurs rebelles, ceux qui, par leurs œuvres ou leurs écrits, dénoncent le danger de l’abêtissement. Un élève, une consigne académique ne me fera jamais baisser la garde dans mon enseignement ou dans le choix de mes lectures abordées en cours.
Dans le roman de Bardbury, Fahrenheit 451, face à des brigades du feu qui se lancent dans la folle mission de détruire les livres et de faire la guerre aux penseurs et aux lecteurs, un groupe de dissidents fait le pari d’apprendre par cœur des passages entiers des grandes œuvres de l’humanité, de vivre dans la clandestinité et de se réunir en cachette pour se réciter les livres par cœur... De cette façon, le feu ne dévastera jamais tout et la grande culture subsistera face aux assauts du Pouvoir.
C’est, dans une autre mesure le même mouvement que l’on constate actuellement en librairie : La Princesse de Clèves compte parmi les ouvrages les plus réclamés par les lecteurs...
Ecoutons Victor Hugo pour conclure ces propos. Face à un gouvernement à paillettes, il préférait la profondeur du « Gouffre » : l’exil à Guernesey et la plongée dans ses grandes œuvres. La première est un brûlot contre « Napoléon le Petit » : les Châtiments...
« La Pensée échappe toujours à qui tente de l’étouffer. Elle se fait
insaisissable à la compression ; elle se réfugie d’une forme dans l’autre. Le flambeau rayonne ; si on l’éteint, si on l’engloutit dans les ténèbres, le flambeau devient une voix, et
l’on ne fait pas la nuit sur la parole ; si l’on met un bâillon à la bouche qui parle, la parole se change en lumière, et l’on ne bâillonne pas la lumière... »