Exit Tony, Cassie, Sid, Maxxie, (...) E4 a décidé d'innover son teen drama confirmé : la saison 3 de Skins voit venir de nouvelles têtes. Effy, sœur de Tony, assure la transition entre les deux générations et se voit donner la réplique à de nouveaux acteurs, incarnant des personnages plus divers, aux personnalités plus excessives. Ajoutons à cela l'arrivée de nouveaux scénaristes et des épisodes s'écartant du décor bristolien traditionnel, la saison 3 de Skins avait tout pour décevoir: a-t-elle montré ses limites ou au contraire, a-t-elle réussi le pari de surprendre ?
Cette saison 3 est en réalité dans la pure continuité de la deuxième plutôt que de la première. La saison 1 de Skins, c'était un genre nouveau, un style particulier et une maîtrise scénaristique bluffante, la saison 2 avait comme défaut la rupture de ce style d'écriture: on passait du ton tragi-comique de la saison 1 à des épisodes tragiques et des épisodes comiques en saison 2. Jamais (ou rarement) les deux tendances dans le même épisode.
Si les situations auxquelles faisaient face les personnages dans la première saison et les conséquences qui en découlaient était amenées subtilement, on ne peut pas en dire de même pour cette troisième saison qui jongle entre plusieurs tons, dépendant des personnages : l'ambition diffère constamment, le registre général de cette saison s'est avéré par conséquence assez hétérogène.
Si les scénaristes semblent avoir fait le deuil des protagonistes de la première génération avec plus ou moins de facilité pendant l'inter-saison, les téléspectateurs, eux, doivent le faire au fur et à mesure de la diffusion de la saison 3 outre-Manche et évidemment, ça n'aide pas à apprécier la saison en question vu qu'elle met en scène d'autres personnages. D'autres personnages très différents des premiers, qui peinent à attirer la sympathie à première vue. L'erreur des scénaristes tout au long de la saison a sûrement été d'accorder plus de temps d'antenne aux personnages qui semblaient avoir le moins de potentiel - Cook surtout, Effy et Freddie autour pour un triangle amoureux gras et peu saisissant -.
À côté, l'homosexualité (présumée) de Naomi et Emily - facilement la relation la plus attachante de la saison - a occupé discrètement l'écran pendant ces 10 épisodes et le traitement de l'intrigue pouvait s'avérer maladroit (un doute constant sur l'orientation sexuelle des deux personnages, une difficulté à mettre des mots sur des faits et un manque de clarté à propos des sentiments que ressens Emily vis-à-vis de Naomi à la fin de l'épisode 7 où elle couche avec le garçon timide du groupe). Une fois encore, si on compare le développement de l'intrigue sur l'homosexualité de la saison 3 avec celle de la saison 1 (où Maxxie confrontait les croyances religieuses de Anwar dans l'épisode 6), on réalise que la plume des scénaristes s'est usée avec le temps.
Il y a évidemment tout ce qui concerne Cook, qui a été franchement gênant (à tous points de vue, sauf dans l'épisode 8 - le meilleur de la saison - où il montrait un tant soit peu de sincérité) mais aussi surprenant dans le sens où Skins nous montre un côté de la vie d'ado en Angleterre qu'avait tendance à négliger la première génération.
Cette deuxième génération tombe clairement dans un registre vulgaire à plusieurs reprises - dès qu'on s'appuie sur Cook en réalité -, encré dans une atmosphère sauvage, chose que les deux premières saisons n'avaient jamais effectué : on avait toujours une visée << trash >> mais jamais bestiale. La saison use et abuse - en temps voulu - de ce style-là (épisodes 2 et 10 principalement) et on se retrouve à trouver le personnage de Cook puéril, agité, imbuvable et le climat de ces séquences dérangeant, limite indigeste. Vu que Cook est le personnage-leader du groupe, la saison en a souffert.
À l'opposé, là où les scénaristes font évoluer Cook dans une ambiance crade et assez violente, certains personnages (Naomi, Emily, principalement, dans les épisodes 6 et 9) font ressortir un caractère qui ne sied pas à la série : une sorte de mièvrerie, un sentiment de facilité et/ou de délicatesse gênante qui se ressent dans le traitement des intrigues et quand celles-ci sont maigrement affichées à l'écran, on reste frustré face à l'inertie dont font preuve les scénaristes.
Ainsi, à cause de ses nombreux défauts - qui se faisaient déjà ressentir dès la saison précédente mais de façon moins frappante et préjudiciable -, cette troisième saison de Skins devient exactement ce que la série n'aurait jamais dû être (et qu'elle n'a jamais été sans cette saison 3) : un divertissement pop-corn pur et simple, le genre de série qu'on regarde pour passer le temps et auxquelles on trouve un maigre nombre de qualités valables pour justifier sa propre fan-attitude. Un guilty-pleasure, en soi.
La première saison n'était pas du tout de cet acabit: Skins était une série intelligente, brillamment écrite et évoluant dans un milieu sériel où rares sont les séries pour adolescents de qualité, ce qui était un plus en soi. Maintenant, on ne peut s'empêcher de comparer Skins à ces séries américaines graveleuses et engraissées avec le temps : un mélange de Gossip Girl et Californication, à peu de choses près. L'humour anglais peine à séduire également. C'est à se demander si Skins n'a pas perdu de sa superbe... Une saison très médiocre.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 29 juillet à 13:41
... je suis pas vraiment d'accord avec cette vision de la série, nan en fait je suis pas du tout d'accord. Personnellement, j'ai pas regardé les 2 premières saisons donc j'ai pas comparé, mais ce que j'ai vu c'est une bonne série, une série très différentes de toutes les conneries miéleuses pour ado et totalement à côté de ce que ces derniers sont vraiment... Quand je regardais cette série je reconnaissais beaucoup de malaises et de gens que jai croisé et que je croise dans ma vie. Je sais pas quel âge tu as, mais tout ça sonne tellement juste pour moi. Et je suis pas seule dans ce cas. D'autre part Cook c'est vrai il met mal à l'aise, mais... des gens comme lui j'en ai déjà rencontré, et je le trouve vraiment intérressant ce personnage et vraiment beau (intérieurement). Dernière chose au sujet de la "mievrerie" comme tu dis du couple Naomi/Emily, perso je trouve pas ça mièvre mais réaliste... (après peut-être que la réalité est mièvre j'en sais rien...) parce que c'est souvent comme ça que ça se passe dans un couple de lesbiennes surtout comme dans cette situation "hésitante". Puis je vois pas ce qu'il y a de choquant au fait qu'Emily couche avec JJ... C'est des choses qu'arrivent tout le temps, ça veut pas dire qu'elle est pas sûre de ce qu'elle ressent pour Emily.