Almeria 2008. Vicente Sahuc

Publié le 31 mars 2009 par Didier Vincent

Regarder deux fois ce film et l'écouter aussi deux fois, la voix magique de Lisa Gerrard de Dead Can Dance (The host of Seraphim). Et c'est tout simple : le ciel et la terre en osmose de ce son Képlerien intensément extérieur, infiniment tangenciel. Ces paysages nous constituent : l'arbre et la mer de ce sud à la fois austère et chatoyant, ces gnomons marins, comme des statues aux yeux vides qui ne cessent de faire semblant de regarder vers nulle part. Musique zénithale irradiant une lumière froide et dense où frétillent les milles idées éphémères de notre imagination si prompte aux leurres bienheureux, Woolfiens. Vagues immobilisées dans l'instant, glacées. Villes de Chirico qu'on ne quitte jamais car on ne peut en sortir.

Tout est symétrique : la musique et les images faussement statiques, les césures gauche-droite, sans faux semblant d'excentricité, le ciel et la terre séparés d'objets, le regard et la pensée, la vision redoublée de ce court métrage ; mais rien n'est central comme une clé de voûte, un passe partout qui ouvrirait notre compréhension.

La contemplation, se suffisant à elle-même, comme une perpétuelle insatisfaction, comme le calme de ce qui est fermé opposé au tumulte de ce qui est ouvert.

Ne pas se satisfaire de l'insatisfaction, s'ouvrir en restant fermé, extérioriser ses paysages interieurs, en pure perte. Mais ce n'est pas grave : il n'y a rien à gagner.