La compagnie rocheloise de Toufik OI ne quitte pas assez sa province, et c'est dommage. Le festival Artdanthé vient de donner l'occasion aux Franciliens de découvrir l'intégralité de son dernier opus, L'Inéluctable métamorphose. Une ambitieuse trilogie autour des métamorphoses du corps qui l'a tenue en haleine pendant quatre ans. Hélas, le sort a voulu que je ne puisse en voir et photographier que la première partie, un solo créé en 2004.
Dans un mélange d'écriture et d'improvisation, Anne Journo y interprète une Athéna au casque infime ; ayant enfanté sans doute, consignant ses histoires à même son parchemin palpitant. Sa nudité si naturelle laisse lire ses accidents, ses partitions, d'anciennes métamorphoses. Plus médiévale, sorcière belle à ébranler le plus pieux chevalier, elle manipule un graal de verres précairement empilés. Elle ne transvase pas le sang du Christ mais un simple fluide, et des figurines minuscules signalent qu'il est question de naissance ; que le néant s'écoule vers la vie, ou plutôt que l'une coule vers l'autre, et inversement.
Toufik OI, L'Inéluctable métamorphose (cl. Jérôme Delatour - Images de danse)
Lovée dans son carton elle s'enfante.
La boîte, leitmotiv de Toufik, prolonge cette méditation : comme le corps, comme le graal, la boîte éventuellement table est enveloppe, ventre, refuge, réceptacle, passage. Boîte ou plus exactement carton de déménagement, carton de départ, de changements irréversibles, de déchirement.
Une vidéo sert de mise en abîme. Anne Journo s'y dédouble dans d'autres espaces, dehors et dedans. Une troupe nue processe dans les méandres d'un château, et revoilà la boîte et les verres empilés. C'est un peu les chevaliers de la Table ronde chez les nudistes, me dis-je.
♥♥♥♥♥♥ L'Inéluctable métamorphose, de Toufik OI, a été donné au théâtre de Vanves le 26 janvier 2009 dans le cadre du festival Artdanthé.
Retrouvez ici L'Inéluctable métamorphose en images
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posté le 05 août à 16:39