Nous sommes en 2009 après Jésus-Christ, et les caisses de l'état sont vides.
Tout les vices légaux de l'homme sont taxés. Tous ? Non ! Car l'un d'entre eux, fier et farouche, résiste encore et toujours à l'impositeur.
L'alcool, la cigarette, la voiture, tous sont soumis à de lourds prélèvements étatiques, ne suffisant malgré cela pas à faire disparaître les échos sinistres qui résonnent dans les coffres poussiéreux de la Banque de France lorsqu'un fonctionnaire au pas lourd et déprimé vient les arpenter et en constater la désespérante vacance.
Et pourtant, il existe une manne financière immense et inexploitée, et bien moins sujette à caution éthique que les trois précitées : le sexe.
En effet, là où la cigarette et le tabac créent des addictions pouvant entraîner des maladies mortelles malgré les filtres et les avertissements, là où la voiture tue des milliers de personnes chaque année et en estropie encore plus malgré les limitations de vitesse, le sexe, lui, ne tue pas ses consommateurs (si on suit bien les instructions sur la boîte de capotes). Au pire, il rend sourd.
Par contre, rien que sur l'internet, il rapporte des millions d'euros à des personnes rarement plus nécessiteuses que l'état, et de moralité souvent douteuse.
C'est pourquoi je lance ici un appel à la nationalisation de l'industrie pornographique, qui devrait permettre des rentrées d'argent conséquentes dans les caisses d'un état qui doit faire face à la crise, renflouer des banques, aider plein de nouveaux chômeurs, etc.
Cela permettra en plus de sécuriser et de moraliser l'emploi des acteurs et surtout des actrices pornographiques, rarement traités de manière convenable par les réalisateurs et les producteurs, souvent payé(e)s au noir, sans cotisation pour la retraite, etc. Le statut de fonctionnaire pour ces travailleurs infatigables ne me paraîtrait pas usurpé.
Plus de sous pour l'état, moins pour les malfaisants (bon, il peut y en avoir dans l'état, mais ne chipotons pas, l'état en lui-même n'est pas malfaisant), la sécurité de l'emploi pour les acteurs, monteurs (oui, haha, je viens de m'en rendre compte aussi), bref, que du bonus, aussi bien socialement qu'économiquement.
On pourra m'objecter que les hommes se verront bien plus taxés que les femmes, portant atteinte à la valeur essentielle d'égalité de tous devant les impôts. A quoi je répondrai que les taxes sur le tabac sont également très défavorables aux fumeurs, et trouve-t-on inadmissible que les non-fumeurs ne se voient pas taxés ? Pas du tout. Vous voyez, vous êtes bêtes, vous vous contredites tout seuls.
Allons plus loin. Inspirons-nous de l'adage « faites l'amour, pas la guerre » pour remplacer le défunt service militaire par un service sexuel à 18 ans ! Ce service rémunéré pourra s'exécuter en soirée, en parallèle avec les études universitaires, permettant ainsi aux jeunes de payer leurs études (ou de financer l'université, soit dit en passant) soit en tournant des films coquins, soit en se prostituant dans des bordels gouvernementaux qui assureront la bonne santé de leurs pensionnaires à temps partiel. Ce dernier point sera d'ailleurs une avancée énorme, aussi bien dans le domaine des moeurs (si tout le monde se prostitue, les préjugés contre ce métier disparaîtront), d'autre part dans la lutte contre les réseaux mafieux (si les gens peuvent ne rien risquer en allant vers un(e) prostitué(e) légal(e), ils n'iront plus risquer des soucis en allant vers les pauvres filles victimes des maquereaux illégaux).
Les avantages ne s'arrêteront d'ailleurs pas au paiement de la fac et à la lutte contre la traite des blanches, c'est la société tout entière qui en profitera : cela donnera une première expérience aux puceaux indécrottables, permettra à tous d'acquérir un niveau technique satisfaisant pour le reste de leur vie sexuelle, assurant ainsi un épanouissement dans les couples et par là un moral essentiel à la bonne marche de l'économie (on nous serine assez souvent que le moral des ménages en baisse explique la chute de la consommation etc.), déniaisera une société qui reste toujours trop coincée sur le sujet, fournira un exutoire aux frustrations et donc fera baisser la quantité de crimes sexuels, traumatisants et coûteux en termes de procès, psychologues, antidépresseurs couverts par la Sécurité Sociale...
Le sexe nationalisé, c'est l'assurance d'un avenir radieux pour la République.