J’ai honte. Oui, j’ai honte. Cela fait presque un an que je tiens ce blog consacré au Gers et à son patrimoine architectural et naturel, et je n’avais pas encore écrit un billet concernant ce magnifique édifice ! Cet édifice, qui avec le château de Saint-Blancard, m’a fait, dès mes premiers pas dans le coin, tomber amoureuse du Gers ? Mais comme on dit, mieux vaut tard que jamais !
Quand on arrive dans les contrées de Simorre, village situé au Sud-Ouest d’Auch, au milieu d’un décor campagnard parfait, mêlant vallons, forêts et couleurs champêtres, on a tout à coup l’impression d’être plongé dans une autre époque. On imagine aisément donjons surgissant ici ou là, des troubadours chanter, des chevaliers traverser les chemins, les prés, émergeant soudain des bois. Et toute cette ambiance médiévale s’installe grâce à la magnifique église fortifiée qui domine avec force les petites maisons de village qui l’entourent.
L’église actuelle, n’a pas toujours été celle du village. C’est parait-il le célèbre Clovis qui aurait fait construire un premier édifice bien à l’Ouest du village, aux abords de la Gimone.
Mais ce premier village et son église n’eurent pas de chance puisqu’en 1141, un incendie dévastateur détruit, hélas, toute la cité. La bonté des moines bénédictins est alors fort honorable puisque ces derniers décident d’offrir des terres près de la Gimone, afin que les habitants ne se retrouvent pas sans logis et pour que le village reprenne forme. Ce nouveau village se construit tout autour de l’abbaye et commence à se fortifier au 13 ième siècle.
Malgré les tonitruantes rivalités qui les opposent aux contes d’Astarac, les abbés de Simorre ne cessent de rénover, améliorer, fortifier leur abbaye. Ils la dotent d’un cloître en 1243, puis en 1350 d’un clocher octogonal et d’une sacristie, et en 1442, ils allongent le bâtiment vers l’Ouest.
Au début du XVI è siècle, Monseigneur Jean Marre permet à l’église d’étoffer son intérieur en lui donnant 38 stalles magnifiques.
La malchance brûlante poursuit l’abbaye puisqu’en 1673, un incendie anéantit le palais abbatial, une partie des archives, mais aussi quelques résidences monastiques. Au XVIII e siècle, les bâtiments démolis furent reconstruits. Mais la plus importante réhabilitation fût faite de 1844 à 1858 par Viollet-le-Duc. Les rénovations qu’il a effectuées sont d’ailleurs objet d’une polémique, lancée par Cénac-Moncaut qui considèrent que par exemple, les crènelures autour du clocher et de la lanterne n’auraient pas existé originellement.
Si on se promène autour et à l’intérieur de l’église, on se rend rapidement compte qu’elle est composée de deux types de pierres : du calcaire de l’Astarac et des « briquettes » typées « architecture toulousaine ». Certains de ses vitraux auraient été réalisés par nul autre qu’Arnaud de Moles, qui a réalisé les vitraux de l’imposante cathédrale d’Auch ! Elle possède également de nombreuses gargouille à observer quand on tourne tout autour !
L’église de Simorre est pour moi, et ce quand bien même le doute subsiste quant au fait que son architecture actuelle ne serait pas l’originelle, l’un des monuments les plus fascinants du Gers, majestueuse, étonnante, elle surgit au milieu d’un contexte campagnard plutôt architecturalement dénudé tout autour. Un vrai plaisir pour les yeux !