Magazine Politique

Orelsan aux prises avec la blogosphère !

Publié le 31 mars 2009 par Lheretique

Le rappeur Orelsan s'en tire à bon compte. Le printemps de Bourges a botté en touche , car le bleuglement (je n'ose parler de musique) "sale pute" ne faisait pas partie de la programmation. Le Printemps de Bourges a estimé qu'Orelsan était un artiste. Il le maintient donc dans sa programmation.

Il faut dire qu'il en tient une couche, le rappeur. Oh, certes, il avait "retiré" sa "chanson". Il n'empêche qu'elle circule largement sur la Toile et contribue à son "succès" chez la racaille des cités. Chez les autres, il y a une mode qui consiste à s'identifier à la racaille, y compris au sein de la jeunesse aisée, pour se rassurer en se donnant des airs de voyous. Si les voyous n'étaient pas constamment glorifiés par les médias, mais traités comme il le convient, c'est à dire à coup de matraque et mis en prison, cette jeunesse-là serait certainement moins tentée d'imiter ses codes.

Cela dit, j'ai pu constater avec un fort agacement que la misogynie n'était pas le privilège de nos cités de banlieues et de la racaille. Les réctions de mâles pourtant modérés que j'ai pu lire sur mon blog à la suite de mon premier article montre que cela ne les choquait pas plus que ça, "sales putes", "je vais t'avorter à l'opinel" et cetera...

[EDIT] Et hop, grâce à Antoine qui commente ce billet, un autre extrait dans une autre chanson des éructations du demeuré. Cette fois, il s'agit de comparer les filles à des truies...(Courez, Courez)...

Cherche pas, la mienne est plus grosse que la tienne,
j'parle de la chienne que j'ai fait aboyer la veille,
j'me rapelle plus d'sa téte, j'sais juste qu'elle était dégueulasse,
j'ai mal au dos, j'ai dormi par terre, parce qu'elle prenait deux places,
j'suis veilleur de nuit/ baiseur de truies

[/EDIT]

En tout cas, l'indignation s'est répandue sur la Toile, et le JT de TF1 l'a évoquée, sans compter de nombreux journaux. Seulement, voilà, ce n'est pas tout. Il se trouve que j'ai lu pas mal de  commentaires sur le blog le féminin l'emporte, là où j'avais trouvé initialement l'information, et j'ai appris qu'il existe une autre "chanson" dont le titre est "changement".

Mais que les lecteurs du blog jugent sur pièces...

«En boîte la CC circule, les pédés gesticulent,
(...)
Les mecs fashion sont plus pédés qu'la moyenne des phoques
(...)
Les mecs s'habillent comme des meufs et les meufs comme des chiennes
Elles kiffent les mecs effeminés comme si elles étaient lesbiennes»

Homophobe ? Ça y ressemble fort. Il faut dire aussi qu'il faut vraiment avoir l'esprit tordu pour inventer le mot "marie-trintigner" (J'aime pas la saint-valentin), en référence à Marie Trintignant. Je ne comprends pas que sa famille n'ait pas encore porté plainte. Elle devrait le faire. Peut-être faudrait-il l'en informer, d'ailleurs.

Cela dit, la levée de boucliers parmi les blogs féminins et les quelques blogs masculins qui se sont sentis concernés n'aura pas été sans effet : le festival bruxellois "Nuits botaniques" a annulé son concert prévu le 12 mai. La direction des Francofolies à la Rochelle réfléchit sur son cas et envisage fortement d'en faire autant. Maigre consolation, mais consolation tout de même : nos indignations à tous et à toutes n'auront pas été complètement vaines.

Ah, et un détail encore : la maison de production d'Orelsan, Wagram Music a laissé un commentaire sur le blog le féminin l'emporte (26 mars 17h35). Le voici :

Bonjour,
Suite aux différentes opinions récemment émises sur la chanson "Sale Pute" d'OrelSan et aux demandes et tentatives de déprogrammation d'OrelSan du Printemps de Bourges, l'artiste et son entourage souhaitent faire les précisions suivantes :
Cette oeuvre de fiction a été créée dans des conditions très spécifiques relatives à une rupture sentimentale. Comme Orelsan le stipule dans l'introduction de sa chanson, ce texte met en scène un jeune homme qui, apprenant que sa petite amie l'a trompé, décide de noyer son chagrin et sa colère dans l'alcool. Sous influence, il se met alors derrière son ordinateur et écrit cette lettre en forme d'exutoire de la passion qui le dévore. Nous sommes alors exclusivement dans l'expression d'une pulsion que toute personne à qui ce type de mésaventure serait arrivé aurait pu être amené à ressentir dans ce genre de situation. En aucun cas ce texte n'est une lettre de menaces, une promesse de violence ou une apologie du passage à l'acte.
Comme toute création artistique, aussi violente soit elle, cette narration ne peut et ne doit pas être sortie de son contexte.
Conscient que cette chanson puisse heurter, OrelSan a décidé il y a quelques mois de ne pas la faire figurer dans son album ni dans ses concerts, ne souhaitant l'imposer à personne.
Nous sommes désolés que ce texte ait pu choquer certaines personnes.
En aucun cas OrelSan ne se pose en agresseur de la gent féminine.
Cordialement,
3ème Bureau / Wagram Music

Cela dit, ce qui est insupportable, dans ce genre d'histoires, c'est de voir les pseudo-intellos à la c... prendre le relais et justifier Orelsan. Toujours sur le blog le féminin l'emporte (décidément une mine d'informations sur le sujet) on trouve un extrait de la chronique de Patrick Cohen interviewant Claude Askolovitch sur Europe 1. Askolovitch défendant Orelsan au nom de la liberté d'expression, c'est trop fort !

C.A : Non on doit s’indigner mais l’indignation c’est banal, on doit agir contre la réalité des violences faites aux femmes, on peut aussi si l’on veut s’interroger sur le danger des mots et sur l’idée même d’une censure contre le machisme pourquoi pas ?
Mais ce qui se passe autour d’Orelsan, c’est du lynchage bien pensant: ni Putes ni Soumises menace de boycotter le Printemps de Bourges si Orelsan n’est pas déprogrammé, les Francofolies de La Rochelle se demande s’il ne faut pas l’exclure, des journalistes vertueux s’indignent que d’autres journalistes mélomanes ont pu défendre ce chanteur que eux manifestement n’ont jamais écouté.
Orelsan c’est un rappeur ironique de 25 ans, pas un tueur, il brosse le portrait des perdants de sa génération, il est triste et drôle avec les mots durs de son époque.
On est en train d’en faire à tort le symbole même de la brutalité masculine, on a inventé un diable à abattre
.

Ben voyons...Askolovitch ferait bien de réfléchir avant de parler. Déclarer que c'est de la bien-pensance que de chanter les tortures et les violences que l'on peut faire aux femmes, c'est se f.... de la g.... des gens et surtout des femmes. Le bien-pensant, c'est Askolovitch qui braie avec les bobos et tout le star-system à la privation de liberté d'expression. Tiens, au fait, Askolovitch qui a jusqu'ici toujours réagi contre l'anti-sémitisme, continuerait-il à défendre la "liberté" d'Orelsan si on remplaçait "pute" par "juif", par exemple, et je me garde de trouver un équivalent plus violent, parce que ce qui correspond à pute pour une femme, c'est youpin pour un juif. Notez que je ne prise vraiment pas ce genre de comparaisons et que je conchie l'anti-sémitisme autant que le sexisme violent comme celui d'Orelsan. Et des dérapages anti-sémites, chez les rappeurs, il y en a pas mal aussi...

S'il faut élargir un jour vraiment le sujet, il faudra bien évoquer de manière plus large la talibanisation d'une frange non-négligeable des banlieues. Violence, haine des femmes, haine des différences dans un premier temps. Haine du juif dans un second temps. Conversion à l'islamisme radical dans un troisième temps pour expier les "fautes" et donner un sens à la délinquance, tout cela sous l'oeil bienveillant d'imams ultra-radicaux et auto-proclamés (qui les a reconnus ? personne si ce ne sont des Madrasas à Lahore ou à Kandahar). Oui, il faudra élargir ce sujet, parce que ce mépris des femmes dans les cités des banlieues a une source, et cette source, elle a une origine dont il faudra bien finir par dire le nom...Il y a, hélas, toujours eu de la violence contre les femmes, plus encore, d'ailleurs, dans les pays latins (voir l'Espagne, par exemple) que dans les pays nordiques. Mais la violence qui s'exerce contre les femmes aujourd'hui dans les cités  en France et qui contamine lentement toutes les banlieues a une origine exogène. Cela aussi, il faudra le dire un jour.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lheretique 7494 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines