Le 200e anniversaire de Nicolas Gogol pourrait tourner au pugilat entre la Russie et l'Ukraine qui revendiquent tous deux la paternité de l'auteur. En clair, quand les dissensions ne sont pas politiques ni énergétiques entre les deux contrées, il faut trouver autre chose.
L'auteur a bel et bien passé une partie de sa jeunesse en Ukraine, où il naquit, alors que cette dernière était partie intégrante de la Russie tsariste. Mais il vécut toute sa vie ou presque à Saint Petersbourg, puis fut enterré à Moscou et alors que la commémoration approche, les esprits s'enflamment.
D'un côté, les Ukrainiens se sentent spoliés de leur auteur, dont la Russie voudrait les départir ; de l'autre, on estime que le débat n'a pas lieu puisque Nicolas a écrit en russe pensé et vécu en russe. Donc il est russe, point barre. Et pour enfoncer le clou, la Russie met au point un téléfilm inspiré de Taras Boulba ; qui sera diffusé sur une chaîne d'État. Histoire de s'approprier un peu plus l'homme et son héritage.
Vladimir Yavorisky, romancier et député - ukrainien - considère que tout cela est bien frivole : s'il fut écrivain russe, son écriture n'en reste pas moins peuplée de l'héritage ukrainien et de son imagerie. Alors la bataille aura-t-elle lieu ? Dans certaines librairies de Kiev, on trouverait des versions accommodées de ses livres, où certaines allusions à « la grande Russie » sont remplacées par « la grande Ukraine ».
Gogol, quel que soit le territoire auquel il se sent appartenir peut bien se retourner dans sa tombe... russe...