Les sources de renseignement et d'informations pullulent sur le net, vous êtes d'ailleurs en train d'en parcourir une, mais voilà, aujourd'hui, on en veut encore plus et plus vite. Toujours plus vite.
Et dans ces conditions quelle est la pertinence du système de publication d'un livre ? Alors que l'on parle de parution sur une échelle de 9 à 12 mois, l'avènement de l'auto-édition sur le net et son corollaire immédiat, l'ebook changent la donne complètement.
Adhérer à l'actualité, au plus près
Mettons que le sujet du moment soit... la crise. Tout auteur qui soumettrait son manuscrit à un éditeur X passerait par les stades incompressibles de la parution, et finalement toute la pertinence de l'analyse passerait, elle, à la trappe, plusieurs mois après sa conception.
Attention, que l'on s'entende bien, il ne s'agit pas d'un plaidoyer en faveur de ce système de diffusion, juste de comprendre les enjeux qui se lient aujourd'hui autour de la nécessaire rapidité de certaines parutions. Les informations ne sont pour autant pas périmées si elles ont quelques mois, mais l'instantanéité de l'ebook a une force non négligeable.
L'attente qui ronge et désintéresse
Amy Neidlinger, éditeur chez FT Press le remarque : « Les gens ne peuvent pas attendre un an pour obtenir des renseignements adéquats sur des sujets. » Évidemment, prendre le temps de la réflexion épargne certains écueils et l'on ne saurait de toute manière réduire le temps de rédaction, indispensable épreuve de l'aboutissement du livre. De même, il paraît tout à fait saugrenu de plaider pour cette méthode dans le cadre d'un roman : nulle actualité ne presse. Encore que...
Capter l'intérêt du lecteur, en répondant à une demande de l'instant, c'est également assurer à un marché un réel dynamisme. L'industrie du film s'en rend compte : attendre 6 mois avant de proposer en DVD un film pourrait nuire à son commerce et favoriser l'envie de se le procurer par des voies moins légales. Le parallèle est intéressant, puisque le temps d'attente justement est aussi celui qui peut conduire à un désintérêt du sujet.
Imprimez, c'est vendu
À ce titre, nous pourrions évoquer l'impression à la demande, qui permet de ne pas avoir à revenir chez son libraire pour acheter un livre actuellement indisponible. Mais on l'imagine bien, capter alors l'intérêt du public en multipliant les initiatives de publication immédiate entraînerait une concurrence certaine entre les éditeurs. Et les clauses d'exclusivité qui s'ensuivraient ne sont pas toujours du goût des libraires...
Trop rapide, trop vite dépassé ?
Si certaines maisons américaines se penchent très sérieux sur un cycle raccourci de l'édition, affirmant, comme Ann Godoff, présidente et éditrice chez Penguin, qu'il s'agit de proposer des livres « contextualisés », on redoute qu'avec cette accélération, une conséquence fâcheuse surgisse : la réduction de la durée de vie du livre.
Plus on sort rapidement, plus rapidement l'information est ingérée et peut être dépassée par une suivante. La course serait sans fin. Les questions n'ont pas fini de se poser, et si des réponses apparaissent, une certitude demeure, n'est-ce pas Nicolas, le paysage éditorial ne sera plus jamais le même.
Vivement dans 10 ans...