Neville nous décrit à merveille le monde de la finance et j'ai trouvé ce roman terriblement d'actualité. Cela fait froid dans le dos d'imaginer que les transactions sont aussi peu sécurisées qu'une simple ligne téléphonique pour converser. Une plongée dans le monde de la banque donc, mais aussi des "tekos", ces informaticiens qui sont intellectuellement plus proche de leurs machines que du reste de leurs congénères. L'auteur dresse un portrait de la haute sphère économique, avec ses clubs privés et exclusivement masculins, ses codes initiatiques, sa technocratie, qui n'est même pas respectée, et qui va permettre à Banks de trouver une faille.
J'ai adoré l'héroïne de ce roman. Cette fille, qui ne boit que du Pouilly-Fuissé, ne peut être qu'agréable, même si elle nous fait l'affront de sabrer le vin dans la glace. Sa réplique préférée :
- T'es-tu jamais demandée, Pearl, pourquoi les banques ont autant de cadres moyens bien élevés, hautement qualifiés, honnêtes et sous-payés, quand au plus haut échelon, foisonnent des personnages ignares, rapaces, grossiers, rustres, snobs, satisfaits d'eux-mêmes et soucieux de leur propre bien-être ?
- OK, je ne vois pas.
- C'est parce que la merde surnage.
Au-delà de ce road-movie financier haletant, où se mêlent compétition et histoire d'amour, c'est une charge à boulet rouge contre cette aristocratie qui dirige notre économie. Une sorte de cryptogouvernement, de mafia, où le népotisme le dispute à la dégénérescence intellectuelle. Cette élite qui nous a envoyé dans le mur...