20 ans… ça fait déjà 20 ans que nos routes se croisent, que je te prends en main régulièrement avec le même désir, que je frémis en te sentant sous mes doigts, il faut dire que souvent tu es si glacée…
Et pourtant à chaque fois le plaisir n’est pas… des fois il s’absente même. Et il arrive alors que je te rejette sans ménagement, souvent parce que j’ai été désarçonné par tes nouveaux apprêts. Je te reconnais à peine ces fois-là, tu n’étais presque plus toi. Et puis tu reviens, et puis je reviens. Et comme finalement je ne sais pas te résister, je retente l’aventure, allez une dernière fois que je dis alors, juste une dernière... Il faut dire que j’ai aussi en mémoire toutes ces autres fois où après en te regardant, la cigarette à la main, je te lançais, c’était vachement bien hein… Et c’est comme ça que ça n’a jamais vraiment arrêté, entre passion et fâcherie d’un jour, depuis 20ans ! 20ans…
La première fois a toujours un goût particulier, pas toujours bon… Mais presque toujours inoubliable. Et je n’ai pas oublié notre première rencontre, c’était en 1989. Je ne t’ai pas vu tout de suite, il faut dire que tu n’étais déjà pas la seule que je croisais du côté du kiosque à journaux de l’avenue d’Italie.
Mais tu avais quelque chose de différent, tu avais déjà cette envie de courir de tout croquer, comme une pomme juteuse, à pleines dents, insouciante et aventurière, prête à explorer les routes et les chemins, tu avais ta manière à toi de dire, d’un clin d’œil, viens je vais te faire découvrir des choses que tu n’imagines même pas, viens… Et, comme je commençais alors à être curieux de ces choses, forcément j’ai dit oui, oui ! Je t’ai dit oui je veux découvrir avec toi des terres brûlées donnant plus de blé qu'un meilleur avril… et beaucoup d’autres choses ! Tellement d’autres…
Et tu as tenu promesse et tu m’as fait voyager au bout du monde mais aussi au coin de ma rue, parce que si tu sais m’entraîner à la découverte de terres inconnues, tu sais aussi me faire découvrir ou redécouvrir ce qui m’attend pas si loin de chez moi et que je ne vois pas toujours… Et ainsi j’ai traversé avec toi une Afrique imaginative et inconnue, bien loin des clichés, et ses goûts puissants et toutes ses finesses. L’Afrique et tellement de terres lointaines, mais aussi ce que j’ai au pas de ma porte ou pas si loin que ça. Je me souviens encore de ces petits canaux du marais Poitevin où tu m’as présenté ces petits plats au goût de terre et de rivière… et combien d’autres régions et combien d’autres villes de par ici.
20ans de voyages et de découvertes et de gourmandises… 20 ans déjà que je lis Saveurs ! Alors bon anniversaire Saveurs puisque tu fêtes tes 20 ans avec ton prochain numéro du 15 mai ! et à suivre…
Et pour fêter ça je suis revenu en 1989 pour réaliser deux recettes contenues dans le tout premier Saveurs, 2 recettes que j’ai un peu revues, à peine.
Pâtes au noix et à plein de choses
Ingrédients : 250g de tagliatelles fraîches – 24 moules – 12 crevettes entières décortiquées – 1petite courgette – 1petite carotte – 30g d’œufs de saumon – 30g de cerneaux de noix – huile d’olive – thym serpolet
Pour la sauce : 200g de crevettes grises – 1petit bouquet garni – 25g de beurre – 2càs de crème fraîche
Commencez en préparant les pâtes selon les indications fournies, puis essorez-les bien et étalez-les pour les réserver.
Taillez la courgette et la carotte en fines lanières à l’économe.
Faites chauffer une sauteuse à feu vif, mettez-y les moules et faites-les cuire sans trop insister. Réservez-les. Mettez dans la même sauteuse, après l’avoir nettoyé, un filet d’huile d’olive et faites rapidement sauter les crevettes, elles doivent être cuites mais pas trop. Réservez-les avec les moules.
Mettez une petite casserole d’eau salée à chauffer à feu vif, mettez-y les lanières de carotte dans l’eau frémissante pendant 3 petites minutes. Ajoutez alors la courgette, remuez et laissez une petite minute hors du feu. Videz dans une passoire et laissez bien égoutter.
Préparez la sauce. Séparez la tête et les queues des crevettes, les queues vous pouvez les manger, seules les têtes vont servir. Mettez-les dans une casserole avec le bouquet garni et ajoutez 25cl d’eau, portez à ébullition puis laissez frémir pendant 15minutes. Filtrez le contenu de la casserole de manière à éliminer le plus d’impuretés possible. Ajoutez la crème puis le beurre. Faites alors épaissir à feu doux en remuant régulièrement. La sauce doit-être onctueuse au final.
Réchauffez alors rapidement les pâtes dans la sauteuse, quand elles sont bien chaudes ajoutez les moules et les crevettes, laissez très rapidement réchauffer. Videz dans le plat de service.
Décorer avec la courgette et la carotte, saupoudrez avec les noix que vous aurez écrasées entre vos doigts, parsemez les œufs et si vous voulez terminer par exemple avec du thym serpolet (utilisez du thym sinon), un thym parfumé et savoureux. Versez enfin la sauce et mangez de suite encore tout chaud.
Khvorost ou petits beignets venant de l’Est
Ingrédients : 250g de farine – 2oeufs – 2 jaunes d’œufs – 1càs de calvados (dans la recette originale on propose cognac ou vodka) – 1càs d’eau (il peut être nécessaire d’ajouter un peu d’eau) – 30g de sucre en poudre – 1 grosse pincée de sel
Versez la farine dans un saladier, creuser un volcan au milieu et versez-y tous les autres ingrédients. Travaillez tous ces éléments jusqu’à obtenir une pâte homogène, lisse et assez ferme. Roulez-la en boule et laissez-la reposer pendant au moins une trentaine de minutes.
Etalez la pâte au rouleau de manière à obtenir une couche assez fine, environ 1 à 2mm. Taillez ensuite les losanges ou des rectangles avec une roulette à pâtisserie. Taillez une fente toujours à la roulette au centre. Passez une des extrémités dans cette fente, tirez délicatement et recommencez autant de fois que nécessaire.
Plongez vos Khvorost dans un bain d’huile préchauffé à 180° le temps de bien les faires dorer de tous les côtés, attention en cuisant ils prennent du volume.
Quand vous les sortez de l’huile posez-les sur du papier absorbant, puis saupoudrez-les généreusement de sucre glace. Mangez sans attendre !
Mais pourquoi, alors ça fera 50ans en 2039… p’tain 50ans… est-ce que je vous raconte ça…