De la génération du sicilien Sciascia que l'on connaît mieux, Giuseppe Bonaviri, cardiologue fils de tailleur, est né en 1924 en Sicile, et a produit une œuvre ample et riche. Poète, nouvelliste, romancier, il construit un univers littéraire en marge des genres tout en leur empruntant de multiples ressources et offre au lecteur, sous prétexte de récit fantastique, d'anticipation, d'onirisme, de science-fiction ou encore d'un certain néoréalisme, des contes philosophiques, des promenades métaphysiques, des récits cosmiques ou cosmologiques, des textes ironiques ou satiriques hérités des lumières, une poésie riche, bref, tout cela en un mélange fascinant qui ne laisse jamais de surprendre.
L'autre point caractéristique est la force de son style : son amour des mots et de la langue, ses inventions stylistiques, la puissance de son écriture forgée à l'aune de l'oralité, des dialectes siciliens, du langage scientifique et technologique, entre autres, font de lui l'un des plus séduisants et novateurs stylistes italiens du vingtième, salué par Sciascia, Calvino et d'autres.
Son œuvre est majoritairement traduite en français, et l'on trouvera sur le site des éditions Verdier une biobibliographie complète.
Son dernier roman L’incredibile storia di un cranio (2006) est paru en français (L'Incroyable histoire d'un crâne, trad. René de Ceccatty, Seuil) il y a deux ans. Ce roman condense, concentre et diffuse les thèmes principaux de Bonaviri (la Sicile natale et chtonienne, l'onirisme fantastique, la science de laboratoire, une langue soignée et émancipée, l'humour subtile, la réflexion métaphysique, la tradition mythologique...) et vient clore avec une troublante légereté, aisance et maturité son long parcours d'écrivain, commencé en 1954 avec Il sarto della stradalunga (Le tailleur de la grand-rue, trad. U. E. Torrigiani, Denoël, 1978).
Giuseppe Bonaviri vient de mourir, le 21 mars 2009.