Puntas Arenas, Chili
Mon premier est un conifère.
…
Mon deuxième est une lesbienne.
…
Mon troisième est les restes d'un être vivant après sa mort
…
Amies lesbiennes, ne le prenez pas mal, c'est pour une bonne cause, car aujourd'hui, on parle de pingouinos ! C'est tellement cute !
Mais avant, revenons un peu en arrière, à notre arrivée à Punta Arenas. Après l'autostop, nous avions envie de plonger un peu plus dans la vie des patagoniens. Alors, quoi de mieux qu'un petit couchsurfing ?
Couchsurfing.org est probablement la meilleure invention depuis le bracelet-règle fluo.
Un réseau de voyageurs partout à travers le monde qui partage la passion du partage. À la maison, vous offrez l'hospitalité et l'expérience locale. À l'étranger, vous profitez d'un gîte en échange de bonne humeur et d'histoires à raconter.
Cecilia nous accueille à bras ouverts. La sympathique dame nous fait sentir comme lorsqu'on retourne chez notre mère, sauf qu'on n'est pas obligé de faire notre lit et elle ne nous appelle pas « mon pite ».
Nous offrir un endroit douillet et confortable où passer la nuit, après notre camping un peu galère en Terre de Feu, nous fait le plus grand bien. On a même une cuisine propre et fonctionnelle, de l'huile d'olive et des épices !
C'est fou ce qu'un peu de poivre ça peut rendre heureux.
Est-ce que les plaisirs se relativisent en voyage ? Je pense que oui !, et c'est merveilleux.
Avez-vous lu la chronique sur cyberpresse.ca de Bruno Blanchet sur le pâté chinois en Afrique ?
Cependant, certains désavantages existent lorsqu'on surfe le divan d'autrui. Les chats, par exemple, en sont un. Pour un allergique comme moi, rien de mieux que deux gâteaux à poils longs pour me donner envie d'aller observer des pingouins au grand air.
Allons-y.
L'île Magdalena en plein milieu du venteux détroit de Magellan fait office de colonie pour une espèce de pingouins plutôt sympathiques. Nad et moi étions vraiment emballés à l'idée de voir, enfin, ces oiseaux de près et non pas sur l'emballage d'un vin australien.
Peuplant la partie australe de l'Amérique, du cap Horn jusqu'au Brésil, les côtes pacifiques et atlantiques, ce pingouin dit de Magellan fut autrefois la proie des chasseurs européens lors de l'expansion au nouveau Monde, qui sont venus en abuser, tout comme le reste. Rien de mieux qu'un petit pingouin sans défense pour nourrir les marins et commercialiser la peau et les œufs.
La chasse devait vraiment être facile. Ces petites bêtes sont super curieuses et c'est un jeu d'enfant de les approcher. Je les vise de mon objectif et ils s'avancent pour regarder, comme s'il voulait voir quelle marque de caméra j'utilise. Je vous dis, ils sont tellement proches que j'aurais dû apporter une lentille macro.
Les quelque 150 000 oiseaux qui vivent sur l'île le temps de faire des petits sont le repas parfait pour les habitants de l'île voisine, les lions de mer.
Ils mènent vraiment une vie pénarde, ceux-là. Lorsqu'ils ont faim, ils traversent sur Magdalena, tuent quelques pingouins et retournent à la colonie, vite fait bien fait.
Imaginez être un pingouin au moment de l'attaque des lions. Terrible. Tout le monde doit crier en langage palmipèdien;
- Courrez, sauvez-vous !
- Allez les amis, go-élancez-vous à l'eau !
La colonie de lions rassasiés passe le reste de son temps au pied de la falaise, sur le sable froid, le vent dans les moustaches.
Léon, le plus graisseux de la gang, est le mâle dominant. À lui seul, malgré son double menton, il a sept femmes et vit au centre du groupe.
À côté, Jean-Luc le déchu n'est pas très viril. Il n'a qu'une seule femme à la face d'éléphant de mer. Le pauvre.
Quoi que, c'est relatif.
C'est beaucoup plus dangereux pour Léon d'arriver en retard pour souper, et sept fois il se fera rappeler de se laver les nageoires avant de manger son pingouin.
Et sept femmes ensemble autour d'un beau mâle, ça cherchent le phoque. Je n'aimerais pas être dans sa crinière.
Avoir un si grand hareng, ce ne doit pas être évident.
Et les enfants dans tout ça, sept fois plus nombreux j'imagine ? Ça fait beaucoup de pingouins à mettre sur la pierre. Finis les temps libres à se faire griller la sardine sur la plage.
Et la discipline… si les gamins ne finissent pas leurs pingouins, ils n'auront pas de cormoran. Il faut mettre les choses au clair, car les petits lions de mer à l'adolescence ont un caractère de bœuf. Les ados-fins, c’est rare ici, surtout lorsqu’ils commencent à êtres attirés par le sexe opposé.
Et vous savez, trop de fornication, ça complique la vie en colonie. Comme à Loft Story, en moins fashion.
Jean-Luc, lui, n'a pas ce problème, il n'est plus très porté sur la chose. Il se promène tranquille en périphérie de la colonie avec ses amis qui n'aiment pas la violence. Pas question de se battre pour d'autres femmes, se disent-t-ils en riant autour de leur tisalgue bien chaude.
De toute façon, ça fait dix ans qu'il n'a pas baisé. Longtemps depuis, sa femme ne veut plus toucher à sa mouette qui sent trop le guano.
Ouf.
Reprenez votre souffle, vous en aurez besoin pour la prochaine chronique.
-Will