La journée de la jupe. Pas de quoi en faire un flan.

Publié le 30 mars 2009 par Sukie

Samedi midi, nous déjeunons devant Canal+, L’hebdo du cinéma plus précisément, avec une Daphné Roulier très en forme (voir l’émission ici). L’invité du jour est Isabelle Adjani, l’émission lui est consacrée. J’apprends qu’elle habite St Hélène, que les médias jasent sur son énième come back, re-découvre une femme qui vit dans un monde à part, partage le même dentiste que Laurent Ruquier. Cette femme a de l’humour mais se cache derrière un voile pudique qui la pose paradoxalement sur une marche haute, mais non inaccessible. Ce mystère qui l’entoure la rend attachante. Elle part, puis revient, ses apparitions fulgurantes sont entrecoupées de longs silences. Elle assure qu’il n’y a pas de stratégie à tout cela. Et quand elle dit à propos de l’affiche du Bal des actrices (auquel elle a refusé de collaborer car le scénario ne la bottait pas), qu’elle “aime les actrices quand elles sont habillées“, j’ai envie de me lever de mon clic-clac et d’applaudir bien fort

On décide d’aller voir La journée de la jupe dans l’après-midi. Pourquoi tout ce raffut, qu’on se demande. Le film diffusé jeudi dernier sur la chaine franco-allemande Arte a réuni pas moins de 2 450 000 télespectateurs et pourtant fait l’objet de boycott des exploitants en salle. Le film de Jean-Paul Lilienfeld avait été d’abord prévu pour la télévision “à cause de son sujet sensible”, puis finira par grapiller quelques 50 copies au cinéma.

Sujet sensible… Je ne vois pas trop. L’éducation national? La banlieue ? Les jeunes d’aujourd’hui? L’école laïque ?la violence? Tout ça réuni? Parce qu’il faut le dire, ce film est un joyeux bordel, ou plutôt une sorte de fourre-tout, de défouloir dont le fil rouge est cette prise d’otage intempestive d’une classe par une prof qui pète tout à coup un cable. Elle ne l’a presque pas choisi. C’est elle qu’on croit otage, au début, de la violence et de l’insolence de ses élèves. Quelle issue? Quelle attitude adopter? Isabelle Adjani irradie. On se demande si elle a pris du poids pour le film. On reste pendu à son pétage de plomb jusqu’à la fin. Malgré quelques longueurs, le film est bien mené. Ptêtre un peu fouilli, on comprend que le réal. veut passer beaucoup de messages. Parfois on s’y perd. Dans la caricature? Oui , mais pas si éloignée de la réalité. Les bons et les méchants. C’est pas tout noir, ni tout blanc, parfois l’image vire au bleu, puis au rouge. Denis Podalydès y est magistral, comme toujours. On s’attache à chacun des personnages, on essaie de comprendre ou comme un vieux con, on va polémiquer comme toujours en gueulant “touche pas à mon école”. Foutaise. Il n’y a pas de quoi s’offusquer, ça reste une fiction. On peut avoir l’impression que ça veut en faire trop, même faire la morale. Pourtant on ne saurait rester insensible devant la sincérité d’Isabelle Adjani. Surtout lorsqu’elle pique une gueulante pour savoir quel est le vrai nom de Molière. On répond tout bas “Jean Baptiste Poquelin” et on attend que sa colère passe, que les noeuds se dénouent, que le drame prenne fin. Mais a quel prix. Est-ce convenu? Peut-être un peu dérangeant. Et pourtant. Ca servira bien de leçon.

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