La journée doctorante en géophysique, travail en laboratoire, enseignement… Le soir, Clémentine éprouve le besoin de se vider la tête, de s’évader, sans plus réfléchir. Et cette sensation de détente, elle la trouve dans la création.
La philosophie de la récup’
Elle ne se souvient même pas ne pas avoir créé. Toute petite déjà, elle amassait tout ce qu’elle trouvait joli, le gardait, puis le découpait, le collait, le transformait, pour décorer des boites, améliorer des dessins… “Cela désespérait ma mère, je remplissais des placards entiers de choses qu’elle jugeait inutile”, sourit aujourd’hui la jeune créatrice. Arrivée au lycée, son grand-père lui offre une ancienne machine à coudre industrielle des années 50, ainsi que d’ancien tissus qu’il a récupéré. Après la customisation de boites, elle a un autre coup de foudre : pour la couture. Des déguisements, des sacs, des habits, elle relooke tout ce qu’elle trouve, même d’anciens vêtements de sa mère ou de sa tante…” J’ai encore aujourd’hui, dix ans après, certaines de mes tenues de lycéenne, qui ont vécues deux ou trois renouveaux, avoue-t-elle. Je trouve cela extrêmement plaisant de porter des habits chargés d’histoire.”Sa fâcheuse tendance à tout garder s’est au fil des années transformé en une philosophie assumée de la récup’ et un engagement citoyen pour la planète. “Toutes mes réalisations sont issus d’un détournement d’usage ou de récupération et j’en suis fière. A mon échelle, j’évite la poubelle a bon nombre de choses, à l’heure où le surplus de déchets devient un vrai problème.”
Des prix accessibles à tous
Et quand on parle écologie et économie, Clémentine ne fait pas les choses à moitié : “j’utilise principalement du tissus et du carton/papier. Je dispose du matériel sommaire nécessaire à leur transformation : une paire de ciseau, un cutter et une machine à coudre ! Je garde tout déchet qui peut potentiellement être “upcyclé”. En général, seuls les consommables tels que le fil pour la couture ou la colle pour les boîtes sont achetés.” Elle considère aussi que la récup’ ne doit pas être l’occasion pour un créateur de surfer sur un thème en vogue et pratiquer des prix exhorbitants. Au contraire, selon elle, faire du neuf avec du vieux doit être l’occasion pour tous d’accéder à des pièces uniques pour un prix équivalents à celui des marques grande série. Et en jetant un coup d’oeil sur les prix de ses créations, on comprend très vite ce joli principe.
Si elle avoue que le plus grand de son inspiration lui vient… de sa poubelle. Ce sont aussi souvent ses propres besoins qui sont ses muses. Elle crée des objets du quotidien utiles, pratiques et agréables à regarder; destinés à être utilisés, usés, réparés, réutilisés, transformés : des boites, toujours des boites, sur lesquelles elle pratique du kraft gommé, des sacs, des vêtements…
“Ce ne sont pas des “oeuvres” , soutient-elle, modestement, c’est un mot beaucoup trop fort. Victor Hugo, Pablo Picasso, Kurt Cobain ou Alfred Hitchcock créaient des oeuvres.” Elle crée, comme tant d’autres, pour se faire plaisir. Et pour le plaisir de nos yeux. Ensuite, si ses objets réussissent à faire prendre conscience, à ceux qui les voient, de l’intérêt de la récupération : pari est gagné pour cette créatrice militante de l’anti-gâchis.
Vous pouvez découvrir son profil, son blog et sa boutique Clémentine La Mandarine sur ALittleMarket, et la retrouver sur http://www.lamandarine.free.fr, http://clemrecup.blogspot.com/, http://untrucparjour.blogspot.com.
Amandine
ALM