Mangez, bougez ! C'est la saison ! Et pour compléter vos frétillements énergiques du popotin, vous pourrez vous faire de délicieux smoothies, ces mélanges vitaminés, à base de fruits et de légumes comme le mangibougisme vous y incite. Pour le fruit, je ne saurais trop vous recommander la banane. Fruit présidentiel s'il en est, on le trouve dans les jus élyséens en bonne place avec la patate, la pêche, et la coke qui n'est pas un fruit mais devient de plus en plus nécessaire vu les agendas chargés. Pour les légumes, il faudra taper dans les grosses.
En effet, la banane semble s'épuiser, ou peut-être se sera-t-elle égarée dans un réacteur d'avion, provoquant quelques désagréments pour le fier coucou présidentiel notamment un petit bruit agaçant et mal identifié, borborygme informe qui ne provenait pas du moteur lui-même mais du principal passager. Et puisque le fruit n'est plus, passons aux légumes.
On pourra commencer par ceux qui sont un peu passés de mode, les cucurbitacées. On en trouve de formes et de couleurs variées, mais c'est bien le Villepin, avec son panache argenté flamboyant, qui représente le plus d'intérêt.
Galouzeau, c'est toi ?
Celui-ci, bien que théoriquement de la même famille que le concentré vitaminique aux commandes du pays, ne s'empêche pas des commentaires aux saveurs acidulées qui feront un habile contrepoint aux sucreries et autres douceurs qu'on entend parfois trop dans les rangs de la majorité. Mais cet ardent potiron, qui peut servir de base à notre cocktail de printemps, ne peut cependant pas en constituer l'essentiel. Le Villepin a ceci de particulier, comme légumineuse, de donner ce petit goût âcre en bouche, et comme une petite amertume d'un vieillissement peut-être un peu trop rapide, probablement lié au passage de plus en plus évident d'une célébrité quasi-présidentiable à un anonymat relativement commun, voire, pire, au retour à la plèbe, au quidam, au sans-grade...
Pour continuer dans les légumes gorgés d'eau, nous pouvons poursuivre avec un très joli poivron au départ assez vert, qui se voulait dès le début orange mais qui va, au vu de la tournure des choses, virer au rouge : le président du Modem.
Bayrou, is that you ?
Pour rappel, le Modem se caractérise par la culture du paradoxe : trouvant un large appui chez les électeurs moyens quand on les sonde, le parti ne compte pourtant quand on les fait voter qu'assez peu de représentants. Joli engouement, mais petite concrétisation...
En fait de mouvement, il s'agit plutôt d'un micro-remous de politique bien française, caractérisé par des ajustements millimétriques sur les habitudes des autres partis, ajustements nécessaires pour s'en démarquer sans toutefois tenter l'outrance d'une position tranchée, d'une idée qui sorte de l'ordinaire ou même, Dieu Nous Garde !, d'un programme clair.
Et voilà donc notre chef-poivron présentant son programme pour les
Ok, je caricature. Les rares centristes qui me lisaient encore vont m'en vouloir d'ainsi favoriser les papouilles entre le piment rouge, le lider besancimo et leur poivron de combat. Mais regardons les choses en face : si un autre monde est possible, il apparaît clair qu'en instaurant, par exemple, une monnaie de référence internationale, l'autre monde possible va furieusement ressembler à celui qu'on connaît déjà ; on offrirait aux états et autres institutions para-étatiques un magnifique gourdin pour explorer les conduits arrières des citoyens ; une telle monnaie, c'est la promesse de goûter à des politiques monétaires encore plus "créatives" que celles auxquelles nous avons eu droit jusqu'à présent, et qui relèguent les fantasmes les plus humides de Keynes au rang de bluettes pour adolescentes naïves.
Devant les envolées lyriques ATTACo-compatibles du Modémator, on sent surtout que les messages sont lancés en direction de cette lointaine échéance de 2012. Oui, certes, les européennes semblent dans la ligne de mire, histoire, en quelque sorte, de donner un peu d'entraînement aux jeunes troupes, ... j'allais dire une bonne dérouillée, mais comme c'est le Modem, c'est un mot un peu fort. Disons que ces élections européennes seront l'occasion, pour le jeune parti, d'une gentille discussion posée. Mais dans l'esprit du Béarnais, c'est bien 2012 qui prime.
Et il aurait effectivement tort de ne pas garder cette échéance à l'esprit. Vue de ce blog, elle paraît bien chimérique et surtout dangereuse : qui voudra de ce pays exsangue à la situation délétère ? Et surtout, peut-on voir en Bayrou ou en qui que ce soit d'autre sur le marché politique actuellement un homme ou une femme providentiels à même d'évaluer correctement la situation pour sortir le pays de
A en croire la presse, en tout cas, 2012, ça va être l'école des Fans où tout le monde peut "gagner". Notamment si vous avez un Y dans votre patronyme : Sarkozy qui veut en remettre une dose, l'extrême-centre de Bayrou de plus en plus extrême et de moins en moins au centre, mais surtout les Jumelles de Solférino, qui, comme les Triplettes de Belleville, pédalent, pédalent encore et pédalent toujours : Royal et Aubry...
Aubry, Royal, y êtes-vous ?
Eh oui. Alors que l'actualité des cocktails de printemps semble s'orienter vers le tutti-frutti sucré, la politique française continue à nous resservir les mélanges salés : ce sont bel et bien avec les mêmes vieux légumes qu'on fait toujours les mêmes soupes.
Ce potager est foutu !