Dernière modification le 30-03-2009
Alors que
l'Europe et les États-Unis décident de cesser toute exportation de mercure et que dans le cadre du forum mondial de l’environnement, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE)
veut à terme supprimer l'usage du mercure, il est établi que le mercure est un polluant majeur pour l'environnement.
Cependant l'emploi du mercure en dentisterie continue de faire débat et sa toxicité pour la santé humaine, quand il est inséré en bouche sous forme d'amalgame
dentaire ou plombage, ne fait pas l'unanimité. Ce qu'il est convenu d'appeler le syndrome des amalgames dentaires va-t-il être reconnu comme une maladie émergente ?
Qu'est-ce que le syndrome des amalgames dentaires
Le syndrome des amalgames dentaires est l'ensemble des symptômes décrits par une fraction de la population comme étant la conséquence de la présence d'amalgame en
bouche. Ces symptômes sont très étendus: angoisses, irritabilité, dépression, perte de mémoire, hypersensibilité, bruxisme, acouphènes, maux de têtes, fatigue, allergies aux aliments, aux odeurs,
sensations de brûlures, fourmillement ou tremblements de certaines parties du corps, etc. L'intoxication au mercure est même accusée de conduire à des maladies graves et invalidantes. Son implication dans la survenue ou l'aggravation de la maladie d'Alzheimer est discutée par les chercheurs car il est prouvé que le mercure est un poison pour la cellule nerveuse et ce même à faibles doses.
Symptômes niés
Parce qu'ils sont non spécifiques et non attribuables à une maladie connue, ces symptômes sont niés par la majorité du corps médical et par les autorités sanitaires
de notre pays. C'est ainsi que dans son rapport d'octobre 2005, l'Afssaps conclut (page 90) : "selon les données scientifiques publiées depuis 1998, les symptômes décrits par certaines personnes
comme étant la conséquence de la présence d'amalgame dans leur bouche ne sont pas attribuables au mercure mais reflètent des maladies somatiques non diagnostiquées ou des troubles psychiques,
voire psychiatriques". Et c'est bien chez le psychiatre que sont systématiquement envoyés les patients se plaignants de troubles
attribuables à une intoxication au mercure.
Syndrome des amalgames dentaires et risques émergents
Fait intéressant et nouveau, un texte publié le 4 septembre dernier* par le Parlement européen mentionne l'existence du "syndrome des amalgames dentaires". Dans ce
texte, au paragraphe J, le Parlement reconnaît que "de nouvelles maladies ou syndromes de maladies sont apparus ces dernières années, tels que l'hypersensibilité chimique multiple, le syndrome
des amalgames dentaires, l'hypersensibilité aux rayonnements électromagnétiques, le syndrome des bâtiments malsains ou le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (Attention deficit
and hyperactivity syndrome) chez les enfants".
Ce long texte en 36 points n'en dit pas plus sur ce nouveau syndrome. Il n'en reste pas moins que la mention du terme dans un texte officiel voté par le Parlement est un pas vers la
reconnaissance du syndrome des amalgames dentaires et un encouragement pour tous les opposants à l'amalgame dentaire.
Contradiction européenne
Aux dires du commissaire européen l'Environnement Stavros Dimas:"le mercure représente une menace pour la santé humaine et pour l'environnement dans l'Union
européenne, comme dans le reste du monde". Pour cette raison, l'Union européenne a décidé de cesser d'exporter ses stocks de mercure dès mars 2011 afin de lutter contre la pollution par ce
métal hautement toxique. À cette occasion Bruxelles a rappelé que "le mercure et ses composés sont des substances extrêmement toxiques pour l'homme, l'animal et les écosystèmes".
Cela n'a pas empêché le comité scientifique européen chargé d'évaluer les risques émergents en matière de santé (SCENIHR) de publier début 2008 un rapport affirmant l'innocuité de l'amalgame au mercure pour la santé humaine. Il est tout à fait stupéfiant de penser que le mercure doit être
éliminé de l'environnement mais pas de la bouche des humains. Pourtant, les conclusions du SCENIHR sont loin de faire l'unanimité au sein du Parlement européen. Ainsi, le 29 avril 2008,
madame Hiltrud Breyer (Verts/ALE) interpellait la Commission au sujet de l'avis rendu par le comité en posant, entre autres, cette question cruciale : "Comment la Commission envisage-t-elle
d'appliquer le principe de précaution dans le cas des amalgames dentaires ?".
Le syndrome des amalgames dentaires va-t-il être reconnu ?
Aux États-Unis, le revirement sans précédent de la FDA (Food and Drug Administration) qui reconnaît la neuro-toxicité du mercure et envisage de restreindre l'emploi de l'amalgame dentaire d'ici l'été 2009, est un signe positif. L'Europe avance plus
timidement. Reste que classer le syndrome des amalgames dentaires parmi les "nouvelles maladies ou syndromes de maladies […] apparus ces dernières années", c'est valider le fait que ce syndrome
est bien une maladie émergente. Même si elle est en contradiction avec les conclusions optimistes du SCENIHR, cette reconnaissance du "syndrome des amalgames dentaires" est un espoir pour tous
ceux qui se battent pour faire interdire l'amalgame dentaire en Europe et dans le monde.
Pour s'associer à ce combat : signer la pétition de l'AKUT qui dénonce le scandale de la gestion des amalgames dentaires : Akut
protest
Attention : déposer ses plombages impose de prendre des précautions pour éviter une libération accrue de mercure au moment du retrait. De plus, il est important de réfléchir au choix des
matériaux de substitution. Ces questions importantes sont abordées dans le Pratikadent à la rubrique Plombage-dépose, dont un extrait peut être consulté sur le site des éditions Luigi
Castelli.
* résolution "sur l'évaluation à mi-parcours du plan d'action européen en matière d'environnement et de santé 2004-2010 (2007/2252(INI))". Texte intégral sur le
site du parlement européen
Sommaire des autres articles sur les plombages et les
matériaux
Réagir à cet article ou poser une
question en rapport avec cet article :
cliquez sur ajouter un commentaire, ci-dessous.