par Didier Testot.
Pas facile de rester zen, voire de comprendre comment en une semaine, Société Générale, Valeo, Cheuvreux, filiale du Crédit Agricole, GDF Suez, ou Natixis ont pu faire le devant de l'actualité économique pour des questions liées aux rémunérations, bonus et autres stock-options de ces dirigeants ou traders. La crise économique exacerbe les passions et met le doigt sur un système qui a connu ses heures de gloires mais qui connaît aujourd'hui un pic de contestation.
Pour y répondre, le Premier ministre François Fillon vient donc de présenter son décret en matière de rémunération des dirigeants d'entreprises : "Le Gouvernement souhaite favoriser la libre entreprise et permettre à chacun de bénéficier d’une rémunération à la mesure de sa contribution au développement économique et social. Pour cela, la rémunération des dirigeants d’entreprise doit être encadrée pour garantir qu’aucun abus ne sera plus commis. En période de crise, ces règles doivent être encore renforcées, surtout pour les entreprises qui bénéficient de financements de la part de l’Etat.
La France est la première place financière importante en Europe à se doter d’un texte règlementaire qui s’applique de manière stricte à l’ensemble des entreprises qui bénéficient d’un soutien public exceptionnel dans le cadre de la crise financière, couvrant l’ensemble des éléments de rémunération.
Le décret définit ainsi des obligations nouvelles s’imposant aux rémunérations des dirigeants des entreprises qui, face à la crise, sont aidées par l’Etat, ou qui bénéficient de fonds publics. Il s’agit des grandes banques recapitalisées par la Société de Prise de Participations de l’Etat (SPPE) et des constructeurs automobiles. Pour ces entreprises, des restrictions supplémentaires par rapport aux règles de droit commun sont nécessaires. Leurs dirigeants devront donc renoncer aux stock-options et actions gratuites et également accepter que les parts variables et exceptionnelles de leur rémunération soient strictement encadrées de même que les éventuelles indemnités de départ. Elles ne pourront, en particulier, être fixées pour plus d’un an. Leurs critères d’attribution devront être rendus publics. Enfin, il ne pourra pas y avoir d’attribution et encore moins de versement si l’entreprise en cause est amenée à procéder à des licenciements de grande ampleur.
Ces règles sont des règles de temps de crise. Le décret prévoit qu’elles s’appliqueront au moins jusqu’à fin 2010. Un rapport sera préparé avant cette date par le ministre de l’Economie. Il fera le bilan de la mise en œuvre de ces mesures. Le cas échéant, le dispositif pourra donc être adapté ou prolongé si cela est nécessaire.
Ces nouvelles règles doivent être mises en œuvre sans délai. Ainsi, le décret permet conformément aux attentes de nos concitoyens d’agir tout de suite. Il sera publié au journal officiel dès demain et applicable tout de suite".
Voilà donc pour le projet, et ce même jour quasiment à la même heure, Couach fabricant de yachts de luxe, demande la protection du Tribunal de Commerce.
"Malgré tous les efforts entrepris par le management du Groupe COUACH pendant plus de deux mois afin de trouver des solutions sur la restructuration de sa dette, les négociations avec les partenaires financiers n’ont pu aboutir. De nombreux contacts avaient été engagés dans ce but, la crise financière et bancaire actuelle est venue annihiler les travaux
menés en ce sens. Ne disposant plus, de ce fait, des ressources de trésorerie, lui permettant d’honorer son carnet de commandes, le groupe s’est
placé sous la protection du Tribunal de Commerce de Bordeaux et a été contraint de procéder au dépôt d’une déclaration de cessation de paiement ce jour. Par ailleurs, la société annonce le départ de Monsieur André-Jean Goimard". Le cours reste suspendu jusqu’à nouvel ordre.
Deux infos le même jour, le choc de l'économie réelle alors qu'on encadre les bonus des dirigeants des entreprises publiques, le secteur privé continu lui de subir le choc de l'absence de crédit.
J'avais eu l'occasion de rencontrer Didier Cazeaux, le Pdg de Couach à Lyon pour Oddo Midcap, le 9 janvier dernier sur la Web TV de l'économie www.laboursetlavie.com.
Il répondait sur la question de la situation financière de Couach lors de cet entretien à 7 mn 16 précisément. Il ne semblait pas encore inquiet. Les prochaines semaines donneront sans doute plus de précisions sur sa gestion des derniers mois. Croyait-il que ses clients forcément très riches passeraient la crise sans problèmes ? Moins de 3 mois après Couach a besoin d'une protection du tribunal de commerce.
A lire sur ce sujet cet article de Bernard Broustet du journal Sud-Ouest "Couach : pas sauvé, pas coulé".