Européennes . 1 500 personnes ont assisté, samedi 14 mars 2009, au lancement de la campagne de la liste emmenée par Jacky Hénin dans la circonscription du Nord-Ouest...
Les meetings du Front de gauche pour changer d’Europe confirment l’intérêt que cette offre politique suscite dans le monde du travail. Après ceux de Frontignan et de Marseille, puis le meeting national au Zénith de Paris, le 8 mars, c’était au tour de la capitale du Nord de lancer, samedi, la campagne régionale pour le Front de gauche. L’affluence ne s’est pas démentie, avec 1 500 personnes venues en majorité du Nord et du Pas-de-Calais.
L'euro député communiste sortant Jacky Hénin conduira la liste aux européennes pour la grande circonscription du Nord-Ouest, rassemblant les régions Nord-Pas-de-Calais, les deux Normandies et la Picardie. Liberté hebdo et Liberté 62, les hebdomadaires communistes du Nord et du Pas-de-Calais, avaient largement relayé l’initiative.
Un succès à rapporter aux (seulement 600 personnes), selon la Voix du Nord, au meeting similaire de l’UMP, la veille, en présence de Xavier Bertrand.
Beaucoup de salariés en lutte ont répondu à l’appel du Front de gauche, comme le signalait le nombre de drapeaux syndicaux. Leurs représentants ont été invités à s’exprimer, ainsi que des invités grec et irlandais membres du Parti de la gauche européenne (PGE). « Cette assemblée, on l’a voulue militante, combative et révoltée, en donnant la parole aux syndicalistes », explique Éric Corbeaux, secrétaire de la fédération du Nord du PCF, qui insiste sur « le lien à opérer avec les luttes pour combattre le risque d’abstention », traditionnellement forte dans cette élection.
Car, de luttes, dans le nord de la France, il est fortement question. À Auchel (Pas-de-Calais), plus de 500 emplois sont liquidés chez Faurecia, filiale à 70% de PSA qui vient pourtant de toucher 3 milliards d’aides publiques, témoigne un syndicaliste.
Antonio de Almeida, délégué européen de Renault travaillant à Cléon (Seine-Maritime), évoque les 12 000 emplois menacés sur les 55 000 que compte l’automobile dans le Nord-Pas-de-Calais. « Le vote du 7 juin doit permettre de renverser la vapeur en Europe, en exigeant la réappropriation publique des acteurs des télécommunications », estime Fabien Pavot, de la CGT de La Poste. « Pour s’opposer aux directives de libéralisation des services publics, il n’y a pas 36 solutions : l’UMP est pour, le PSE s’est abstenu. Un vote de colère ne suffira pas. Seul le Front de gauche offre une perspective politique », explique de son côté Loïc Pen, médecin-urgentiste à Creil (Oise). « Nous avons besoin de députés européens qui fassent entendre les salariés », lui fait écho un syndicaliste de Total.
Des exigences relayées par les différents orateurs du PCF, du Parti de gauche et de la Gauche unitaire issue du NPA, salués par les « Tous ensemble ! » du public.
Alain Bocquet, député communiste du Nord, a souligné « l’urgence d’une loi pour interdire les licenciements boursiers », avant de lancer un appel à « tous les électeurs, quel qu’ait été leur vote au référendum de 2005, pour faire reculer les choix libéraux » en Europe.
Son homologue du Parti de gauche, le député ex-PS du Nord, Marc Dolez, fustigeant le ralliement de la social-démocratie au traité de Lisbonne, a souhaité la levée d’une « dynamique citoyenne » comparable à celle de 2005 en faveur du seul « vote utile pour proposer et s’opposer au libéralisme ».
Quant à Michelle Ernis, de la Gauche unitaire, refusant la « ligne de fermeture » du NPA, elle voit dans le Front de gauche la seule offre de « débouché politique » aux luttes, tout en « assumant (nos) différences ».
Concluant le meeting, Jacky Hénin a estimé jouable de décrocher un deuxième siège dans la circonscription : « Gagner, nous le pouvons, parce qu’un formidable besoin de changement est en train de secouer notre pays. » Puis il a mis en garde : « N’écoutez pas ceux qui vous disent que ces élections et le Parlement européen ne servent à rien. Le problème du Parlement européen, ce n’est pas ses pouvoirs, c’est qu’il se trouve en son sein une majorité de députés pour voter les directives libérales. (…) Le temps n’est pas à gaspiller son vote. Utile, le vote pour les listes du Front de gauche le sera parce que nous avons un grand groupe, peut-être pas par le nombre mais par la combativité. » Une combativité illustrée ces cinq dernières années par les batailles contre le traité constitutionnel et le traité de Lisbonne, ou encore contre la directive Bolkestein.
Sébastien Crépel
L'Humanité du 16 mars 2009