Il y a des choses dont on ne parle jamais : l’essentiel. Par exemple : le rapport à la vie, à la mort, à la souffrance ou à la maladie.
Les « minutes d’essentiel » sont nées de ce constat. Un accident de la vie a fourni à Jacqueline LORTHIOIS l’occasion de mettre les pieds dans le plat par rapport au « déni d’essentiel » et de partager avec d’autres le désir de faire autrement. Militante de l’économie alternative et solidaire, elle a inventé ce concept, inspiré de la notion d’« HUILES essentielles » (Histoires Uniques Inédites Ludiques d’Expérimentations Sociales) mise au point par le Mouvement de Développement Solidaire (MDS), dont elle est l’un des membres fondateurs. Une façon assez alternative de mettre en oeuvre le très libéral « speed dating » appliqué à la Santé.
A l’origine du concept
En 2005, Jacqueline vit un séisme dans sa vie, avec une greffe totale de la colonne vertébrale. Elle se retrouve d’une seule pièce, du cou jusqu’aux fesses, lestée d’un kilo de métal, de deux grandes tiges verticales de 50 cm, de 2 plaques horizontales vissées dans le bassin, d’une petite tige supplémentaire D6-D10 (entre la 6ème et la 10ème dorsales, des omoplates à la taille), de 42 vis de 7 à 10 cm fichées dans les corps vertébraux, sans compter les agrafes et autres greffes d’os de synthèse.
Elle subit une première opération de 10 h à 10 spécialistes, puis une autre de 5 h x10, soit 150 h de travail chirurgical. Qu’on imagine à quel point son corps a été malmené, pendu, ouvert, étiré, scié, percé, vissé, etc… En une semaine, sont réduites 47 ans de torsions progressives de son dos, lui redonnant les dorsales de ses 12 ans et les lombaires de ses 15 ans. Il en résulte d’énormes tensions nerveuses, musculaires, osseuses, psychologiques, voire psychiatriques, prises en charge selon un découpage en tranches par spécialités (neurologue, rééducateur, orthopédiste, rhumato, psy…. )
Jacqueline entreprend alors un parcours de réadaptation d’une difficulté inimaginable. Elle s’est préparée pendant un an par un accompagnement psychologique qu’elle poursuit encore, avec un psychanalyste freudien comportementaliste et une suggestopédeute qui pratique la visualisation et la reprogrammation mentale.
Malheureusement, elle doit être réopérée en 2008 pour ablation d’une vis maîtresse sortie de son habitacle, qui met en péril l’ensemble de son appareillage. De plus, l’administration de doses massives d’anti-douleurs ( 3 semaines de pompe à morphine, 4 ans de dérivés d’opium, 3 ans ½ de benzodiazépines ) la rendent en Juillet 2008 « toxicomane médicamenteuse ». Commence alors un longue descente aux enfers pour effectuer un sevrage, avec des crises de manque d’une fréquence et d’une violence épouvantables.
Jacqueline LORTHIOIS s’en sort grâce à l’accompagnement remarquable de l’Association Santé Charonne, d’un centre anti-douleurs et d’une méthode canadienne « MLC » (« Méthode de Libération des Cuirasses ») d’inspiration jungienne, Sans compter les talents d’un ostéopathe orfèvre, de kinés à l’écoute etd’un homéopathe-auriculothérapeute avisé.
A la fin du sevrage, c’est le coup dur, les douleurs sont si élevées qu’il faut absolument continuer les médicaments. Elle prend des opiacées de niveau 2 qui font effet 6 h. Il faudrait en prendre 8 / jour, mais son foie et son appareil digestif n’en supportent que 4. Elle décide alors de compenser les médications par de l’affection et de la solidarité, en pratiquant chaque jour des « minutes d’essentiel ».
Comment ça marche ?
Le principe est de dialoguer chaque jour avec une personne bienveillante, qui a été importante dans votre vie, à des titres extrêmement divers. Ça va du jardinier au Ministre, de la fille de salle de l’hôpital au chirurgien connu internationalement.
Pendant 5 mn, vous dites à votre interlocuteur/trice pourquoi il/ elle a été important-e dans votre vie et comment. Pendant 5 autres minutes, cette personne vous renvoie l’ascenseur.
Ça marche aussi avec des gens qu’on ne connaît guère, mais qui acceptent de parler d’eux-mêmes et de ce qui est essentiel pour eux pendant 5 minutes. Par exemple, J. LORTHIOIS a témoigné des questions suivantes : apprendre à économiser ses ressources physiques, domestiquer les douleurs, activer en soi les forces de vie, savoir demander de l’aide, regarder la mort en face, différencier le temps qui reste et la qualité de ce temps, etc…
Ce concept a eu dès à présent des tas de conséquences incroyables dans la vie de Jacqueline : renouer des liens familiaux et amicaux distendus, réactiver des carnets d’adresses vieux de 20 ans, (re)créer des activités solidaires, rédiger des textes, faire un appel sur France-Inter, lancer une association « Santé autrement », générer une réflexion sur « l’expertise d’usage » des usagers de la Santé et de nouveaux rapports médecins/ malades, etc, etc…
Ça vous tente ?
Ça marche d’enfer, ça ne troue pas la Sécu, ça n’a aucun effet secondaire, etc…