La fable du sondeur et du chômeur

Les temps sont propices à ce type de manipulations, il faut bien l’admettre. Imaginons une usine, riante incarnation physique de “l’exploitation de l’homme par l’homme” dans la sémantique marxiste, avec un gentil patron roulant dans une jolie voiture tandis que ces sympathiques ouvriers rejoignnt en sifflotant leurs postes de travail après avoir volontairement et avec entrain glissé leur badge dans la machine qui fait bip.

Non que tous ces gens nourrissent pour leur labeur une appétence particulière mais il faut bien gagner sa croûte (qui désormais durcit bien vite, c’est le pain industriel ma bonne dame, pas comme le boulanger Bannette qui lui fait du bon pain comme autrefois, juste 5 fois plus cher), et l’alacrité de pouvoir offrir à son môme un nouveau maillot du PSG (ils en change tous les ans, c’est plus pratique) peint sur son visage poupin (trop de mauvaises graisses dans la bouffe bon marché, et pis il fait rien qu’à ignorer les 5 fruits et légumes par jour le bougre) un sourire enfantin.

Et la presse de s’épancher en articles laudateurs sur l’économie de marché qui n’en finit plus de faire se rencontrer dans de dispendieuses effusions l’offre sexy et la demande folle de consommation. La carte bleue comme talisman apotropaïque de la crise, c’est beau comme un conte de Grimm. Et que dire du profil aquilin de cet entrepreneur, qui prend des risques, si ce n’est que c’est très certainement l’essence du capitalisme qui coule dans ses veines.

Mais soudain le temps vire au gris, l’air se fait lourd et la confiance qui régnait par en eau de boudin à mesure que les mauvaises nouvelles s’amoncellent telles de perfides nuées de charognards prêts à curer les os encore chauds de CSP (-) non lecteurs de Télérama.

Voilà venir la crise, celle que porte le capitalisme comme l’orage porte la pluie. Inévitable, comprenez bien ma bonne dame ménagère de moins de 50 ans, il s’agit de rattrappage , de corrections un peu sèche de bulles moins piquantes que celles d’un Coucacola/meccacola/breizhcola frais.

Et les sondagiers de se jeter comme des junkies en mal de sombres proféties sur les gentilles victimes de la crise, et de leur tenir à peut près ce language :

“Hé bonjour monsieur du chômeur en devenir,que vous êtes sans emploi ou presque, que vous me semblez triste,  sans mentir (et je force ma nature là hein l’ami) si votre ramage se rapporte à votre plumage vous êtes bientôt viré de votre maison phoenix à Sainte geneviève des bois”

Le chômeur - ou bientôt ce n’est question que de jours - sent venir la tristesse et pour montrer sa plus belle guelante ouvre bien grand son porte voix “la crise c’est la faute du capitalisme, à l’économie de marché, au PSG et à Mirelle Dumas qui couche avec François Chérèque alors c’lui là il fait rien que des bétises, des bétises quand on est pas là”

Le sondeur s’en saisit et dit “Mon bon gavroche en culotte longue, apprenez que tout sondeur
vit aux dépens de celui qui l’écoute : Cette leçon vaut bien un chômage partiel, sans doute. ”
Le Chômeur - c’est fait, les actionnaires ont demandé sa peau pour que la bourse enivrée de ce sacrifice et déjà à ses libations de prises de bénéfices leur en sache gré - honteux et confus,
jura - ou l’Alsace, le Nord etc - , mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Quand vous voulez faire dire une connerie à quelqu’un, n’hésitez pas à profiter de ses petits moments de faiblesse, et interrogez le sur des sujets qu’il ne maitrise pas, voir profitez en pour mixer plusieurs saloperies dans un smoothie d’informations, ça a beaucoup plus de goût.

“Plus profondément encore, ce sont les fondements de notre modèle économique qui sont décriés, de la part du grand public mais également des dirigeants d’entreprise :
Concrètement, 71 % des Français déclarent avoir une « mauvaise opinion » de « l’économie de marché », 69 % du « capitalisme », 66 % des « banques » et 61 % des grandes entreprises”

Sondage les échos

(le son que l’on entend lorsque l’on crie dans le cerveau vide d’un DRH cost killer)