Je déteste la charité. Je la déteste pour plusieurs raisons. Elle représente tout ce que je n’aime pas dans le mode de pensée libéral actuel.
La charité c’est la bonne conscience érigée en mode de fonctionnement dit « humain » dans une société individualiste. Et je ne parle pas ici de l’aspect religieux de cette pratique, mais bien de celle prônée par les décisions politiques.
Au nom de la charité, on peut ainsi se permettre, au choix, de piller les ressources naturelles des pays les plus pauvres et leur promettant une aide charitable au développement que le peuple ne verra souvent jamais, on peut supprimer les solidarités les plus actives et efficaces (santé, éducation) au nom du bien de la société qui permet aux plus aisés de réduire leurs participations à l’impôt solidaire pour mieux participer aux grands messes charitables médiatiquement exposées (elles- même déductibles de l’impôt).
La charité, c’est tout ce que j’exècre dans l’attitude humaine, cette forme de condescendance envers les pauvres qui leur maintient psychologiquement la tête sous l’eau pour mieux les oublier lorsqu’il s’agira de permettre l’évasion de ses liquidités dans les paradis fiscaux. C’est à mon sens l’hypocrisie portée à son paroxysme en ce sens qu’elle dédouane les consciences des pires comportements en société. Elle permet de nous regarder dans la glace en nous montrant bien plus beau que nous sommes.
La très grande majorité de ceux qui se glorifient, pour avoir participer à aider la détresse humaine à coup de vente de prestige ou de dons aux plus démunis, sont ceux qui pestent contre l’impôt solidaire, raillent l’Etat toujours stigmatisé comme dépensier et peu utile, ou prônent la liberté individuelle quand il s’agit de leur porte-monnaie mais la restreignent quand elle touche ce que leur morale leur interdit.
Au nom de la charité qui permet de se racheter une image, et après avoir insulter la majorité de la population à la télévision, Séguela va vendre une Rolex pour les plus démunis et se racheter une bonne conscience. Beuuurk.
Alors bien sûr, je ne remets pas ici en cause ceux qui au quotidien luttent pour les plus démunis dans des associations caritatives qui compensent les manquements de l’action étatique et qui ont tout mon respect.
Elles sont toutefois le signe d’une société qui a oublié à la base ce que le terme solidarité signifiait en permettant via les impôts d’apporter une péréquation des richesses entre ceux qui ont eu la chance de réussir financièrement leur vie et ceux que le destin a moins bien servi pour des raisons diverses et variées.
Une société solidaire devrait bannir de son quotidien toute action financièrement charitable pour réserver la charité à son sens purement humain en donnant de son temps à son prochain, de l’amour à ses proches ou en rendant service à son voisin.
Nous sommes désormais bien éloignés d’une société qui prônent de tels comportements.