Conférence de Bonn sur le climat : entrée en piste des Etats-Unis. Peut mieux faire !

Publié le 30 mars 2009 par Greenpeacefrance

Bonn, le 29 mars 2009 - La première session de négociations sur le climat a débuté ce dimanche à Bonn en vue de la Conférence mondiale qui se tiendra en décembre à Copenhague. L’enjeu est d’élaborer un accord mondial qui succèdera au protocole de Kyoto et éviterait au monde les pires impacts de la crise climatique. L’ouverture de ces négociations a été marquée par l’allocution de Todd Stern, envoyé spécial des Etats-Unis sur le climat, première prise de parole de l’administration Obama lors de négociations sur le climat.


Les Etats-Unis peuvent et doivent faire plus et plus vite
« L’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre que se fixeront les Etats-Unis est fondamental. Il va influencer la date et le niveau du pic des émissions, à la fois par l’effet direct des émissions américaines, mais aussi par l’effet indirect des engagements d’Obama sur ceux des autres pays, commente depuis Bonn Karine Gavand, chargée de campagne Climat à Greenpeace France. Greenpeace a fait les calculs : nous savons que les Etats-Unis sont capables d’atteindre des objectifs plus ambitieux et plus rapides de réduction de leurs émissions ». Selon le scénario « Révolution énergétique » publié par Greenpeace le 11 mars, les Etats-Unis peuvent réduire leurs propres émissions de 12,5% d’ici à 2020 par rapport au niveau de 1990, en s’attaquant au seul secteur des énergies fossiles. Associé à d’autres mesures, cela permettrait de réduire les émissions de 25% d’ici à 2020. « C’est la contribution minimum que nous attendons des Etats-Unis pour obtenir un objectif fort de réduction des émissions de l’ensemble des pays industrialisés ».

Bonn 1, une étape fondamentale sur le route de Copenhague
L’un des points clés à l’agenda de ces négociations portera sur l’objectif global de réduction des émissions des pays industrialisés à moyen terme. « L’étape de Bonn est cruciale : après l’échec de Poznan, les pays industrialisés doivent s’engager enfin concrètement sur un chiffre de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Les déclarations d’intention non chiffrées se succèdent depuis des mois. Il faut que cesse cette partie de « poker menteur » où chaque puissance attend que l’autre dévoile son jeu et ses intentions. Un nouvel échec renforcerait dangereusement la pression sur un processus qui doit aboutir dans moins de 300 jours ! » commente Karine Gavand.

Face aux nouvelles données scientifiques sur le climat, le leadership des pays industrialisés est indispensable
Face aux nouvelles prévisions des scientifiques sur l’ampleur de la catastrophe climatique, Greenpeace a revu ses demandes à la hausse. De récentes études montrent que le dérèglement du climat se poursuit plus rapidement que les prévisions les plus pessimistes du GIEC, renforçant les risques de recrudescence de sécheresses, d’inondations, d’incendies, les situations de stress hydrique, la fonte accélérée des calottes glaciaires et la hausse des niveaux des mers. La capacité de la terre à absorber une concentration croissante de gaz à effet de serre est déjà dépassée. Les estimations précédentes concernant la vitesse des réductions d’émissions sont donc insuffisantes.

« Les Etats-Unis et l’ensemble des pays industrialisés doivent absolument prendre la tête du combat contre les changements climatiques, entraînant ainsi les autres pays dans leur sillage. La crise économique mondiale a montré que face à l’urgence, les leaders mondiaux sont capables de prendre des mesures fortes. L’opportunité que représentent les négociations de cette année est peut-être déjà notre dernière chance d’éviter le pire », conclut Karine Gavand.

Pour éviter un cataclysme climatique, Greenpeace appelle donc à ce que :
- les émissions globales de gaz à effet de serre déclinent à partir de 2015 et avant d’atteindre un niveau proche de zéro d’ici à la moitié de ce siècle
- les pays industrialisés réduisent leurs émissions d’au moins de 40% d’ici à 2020 (par rapport aux niveaux de 1990). Trois quarts de ces réductions doivent être réalisés dans les pays concernés.
- les pays en développement réduisent la progression de leurs émissions de 15 à 30% d’ici à 2020, avec l’aide des pays industrialisés.
- un mécanisme de financement soit mis en place pour stopper la déforestation et les émissions qui en découlent d’ici à 2020. Trois régions de forêts tropicales sont cruciales (l’Amazonie, le bassin du Congo, l’Indonésie et la Papouasie Nouvelle Guinée) et doivent atteindre un objectif « zéro déforestation » d’ici à 2015.