Découvrez Bic Runga!
Cela fait aujourd'hui un peu plus de dix ans que Bic Runga partage le trône (avec Hayley Westenra, une autre chouchoute à la voix de soprano qui verse davantage dans le registre classique mainstream) de l'artiste la plus populaire de Nouvelle Zélande, vous me rétorquer de suite "populaire" comme Johnny Halliday en France ? Oui, mais bon je préfère de loin la musique de Bic Runga. Certes, elle ne fait pas de chef d'oeuvre (et n'en fera sans doute jamais) mais sa musique "populaire" revête plutôt un côté délicieusement universel, on est sensé se sentir bien quand on l'écoute, après une journée difficile, c'est un moment privilégié rempli de douceur et de simplicité que l'on partage avec cette très jolie jeune femme. Un peu comme on revête un vêtement d'intérieur douillet mais qui ne fait pas trop laisser aller tout de même (la différence avec Johnny Halliday, vous me suivez toujours ?).
J'avais envie de vous présenter la carrière de cette artiste de pop douce amère à travers son troisème album Birds sorti en 2005 et qui constitue mon album préféré de la donzelle et son dernier album sorti en date en ce début 2009 sous la forme d'une compilation de leftovers : Try To Remember Everything qui retrace une partie des morceaux mis de côté durant sa carrière musicale. Je reprends au début, après deux albums qui ont eu un succès retentissant Drive (1998) et Beautiful Collision (2002), d'ailleurs je peux vous assurer que vous tous avez déjà entendu sans le savoir cette artiste (ici). Pour faire court, ses deux premiers albums sont de jolies pépites, inoffensives certes mais pleine de charme et de fraîcheur, tout de même très loin des artistes de pop commerciale anglo saxonne actuelles hyper formatées. Bic Runga préfère de loin un travail plus subtil qui avantage chansons accrocheuses toujours pleine de finesse et ballades acoustiques parfumées d'une douce mélancolie.
Sur ce troisème album Bic Runga était clairement attendue au tournant après le très beau Beautiful Collison. Mais Bic Runga ne veut plus tellement être où on l'attend, elle vite des moments sentimentaux difficiles avec entre autre la perte de son père et cela se ressent profondément sur ce troisième opus qui revête une voile de deuil annoncé par l'artwork excessivement sobre de l'album. Elle n'a plus l'humeur à la fête et a perdu de son pétillant légendaire pour faire place à plus d'introspection et de profondeur. Les critiques à la sortie de cet album ne se sont pas faites attendre, elle ont littéralement tué l'album avec toujours les mêmes critiques injustifiées du genre : ne possède pas de single aussi accrocheur que les précédents opus, l'album est sombre, enfin Bic Runga refuse de faire ce que l'on attend de la majorité des artistes qui ont rencontré le succès : la même chose encore et encore jusqu'à épuisement du public et elle a bien fait !
Entourée d'une équipe de choc (les meilleures musiciens de son pays) elle a décidé de sortir un album mature, profond, plus dense et noir. L'acoustique, s'il ne disparaît pas de l'album, il fauit place en partie à un travail plus élaboré et riche des arrangements. Winning Arrow fait parfaitement la transition entre les anciens travaux de l'artiste et la nouvelle tournure musicale plus sombre de sa musique. Cette flêche gagnante possède un mid tempo des plus agréables, c'est toujours léger mais avec un légère pointe de spleen et de lassitude sous entendues. Ce morceau est vraiment magnifique. L'ambiance se plombe clairement avec Say After Me, ce morceau à faire pleurer les pierres inspirée du son des 70's est une petite merveille de romantisme mélancolique à écouter. Listen annonce un petit rayon de soleil, plus friendly radio que Say After Me, le refrain est particulièrement séduisant. Cette petite perle soul pop réchauffe légèrement le coeur. Plus que jamais les 70's s'invite sur le morceau titre Birds, un bijou à l'ambiance feutrée presque evanescent. Un de mes morceaux préférés, sublimement arrangé.
J'ai une préférence également pour le morceau aérien Ruby Nights. L'ambiance crépusculaire et classieusement morbide de la chanson est très réussie. Une ballade ténébreuse à ne pas manquer à l'écoute. L'instrumental est la plus belle réussite de la jeune artiste et met en évidence sa nouvelle maturité. Plus acoustique et simple dans sa forme, le bluesy No Crying, No More donne aisément des frissons à l'aditeur. Un nouveau registre pour Bic Runga qui donne une interprétation simple et sincère. If I Had You renoue avec le theme poignant de la perte qui inspire la quasi totalité de l'album. Les choeurs donnent une très belle âme à cette chanson doucement plaintive. Ahh que c'est beau. Cependant nous allons passer à la vitesse supérieure avec mon morceau préféré de Bic Runga : Captured. Ce morceau dramatique, téâtral, absorbé par le désespoir du chant de sirène de Bic Runga reste toujours aussi poignant après plusieurs années d'écoute. Une ballade atmosphérique sur fond d'une guitare bluesy. Un petite chef d'oeuvre en son genre. Pour ne pas tomber dans un état dépressif profond, That's Alright a la tâche difficile de nous remettre d'applomb. La mission est réussie c'est léger, frais et lumineux. Avec encore plus de réussite, Blue Blue Heart constitue une piste très réussie de l'opus. Entraînante et légère, cette piste possède un charme fou tandis que It's Over qui nous rappelle le ton sombre et aérien de l'album. Touchant.
Je suis une fanatique de cet album, je l'écoute en plein de soleil, je l'écoute dans l'obscurité, j'ai l'impression d'être en connection directe avec le ton de l'album. La légèreté et le pétillant de la demoiselle sont remplacés par la mélancolie et de la profondeur. Injustement, honteusement boudé par la critique de son pays, cet album devrait davantage plaire à un public neuf, plus ouevrt à l'évolution d'une artiste encore inconnue à leurs yeux. Et puis, je craque trop pour sa douce voix sucrée.
Note Finale : A
Winning Arrow :
Blue Blue Heart (Live) :
Découvrez Bic Runga!
Après la déconvenue de son dernier album Birds en 2005, pourtant le meilleur, Bic Runga est devenue maman et a voulu davantage se consacrer à sa vie de famille après la perte inattendue de son père qui l'a plongée dans un état proche de la dépression. Après trois albums, un best of aurait peut être été trop tôt à faire accepter, la réunion de quelques leftovers issus de se albums studio et Live constitue sans doute une meilleure idée en attendant un nouvel album gorgé de matériel neuf prévu pour la fin 2009. L'idée sans être lumineuse est plutôt ingénieuse car elle a le mérite de donner une nouvelle vie à des chansons mises de côté.
Dans l'ensemble, Try to Remember Everything (B-Sides and Rarities) se révèle une excellente surprise, pas un album essentiel pour monsieur tout le monde mais davantage un must pour les amateurs inconditionnels de la demoiselle. Démos, out takes, morceaux inédits se croisent pour le plus grand bonheur des oreilles fatiguées. Je conseille à l'écoute en particulier le tendre et naïf All Fall Down, l'émouvant Strangers Again, la magnifique reprise de Autumn Leaves en Live, la reprise insipirée de Something’s Gotten Hold Of My Heart qui est un must, le seul morceau qui constitue une nouveauté empreint de la nouvelle douceur maternelle Everyone Must Love encore à l'état de démo (et que j'espère revoir sur son nouvel opus) et la magnifique lullabye Close the Door, Put Out the Light.
Mieux q'un Best Of, cette compilation de morceaux est un petit bonheur pour les inconditionnels de la chanteuse à la voix exquise.
Note Finale : B+
Honest Goodbyes (inédit, uniquement disponible sur i-tunes à l'achat de la compilation) :
Real & Imagined (Live - inédit, issu éventuellement de son nouvel album à paraître courant 2009) :