En septembre 1996 (à moins que je ne me trompe d'une année ?), je passais quelques jours en compagnie de Fabienne M. dans l'arrière pays niçois. Nous nous étions retrouvés, un peu par hasard, deux mois plus tôt, au cours d'une soirée d'anniversaire chez un ami commun que nous avions fréquenté, autrefois, quand nous étions toute une bande à chahuter comme des fous, jusque tard dans la nuit, dans les bars qui prospéraient, alors, au voisinage de l'Université. Je m'étonnais qu'elle ait si peu changé, alors que je pensais avoir tant vieilli, et n'osais lui raconter ce que j'avais fais de ma vie, si peu qu'il me semblait parfois que ces années m'avaient été ignoblement subtilisées par quelque démon cruel et malicieux. Je l'écoutais me parler de ses étudiants, de sa passion pour Machiavel, de sa sincérité, de son envie quotidinne de brusquer la somnolence de ses collègues, et aussi, de toute l'amertume qu'elle éprouvait à l'évocation de Paul, et des années "merveilleuses" (dit-elle) durant lesquelles, jamais, elle n'avait imaginé qu'ils pourraient un jour se séparer. Notre hôtel donnait sur une place de village et les cloches de l'église, trop proches, nous imposaient chaque nuit leur vacarme infernal.