Pendant le cours, l’enseignant est comme Job. Il consent à se laisser déposséder de ses richesses (intérieures !) pour les achalander souvent dans le souk de la vulgarité ou de l’indifférence. A la différence de la professeur du film, il ne saisit jamais un flingue et livre inlassablement le même combat au nom de cette richesse qu’il veut transmettre à tout prix. D’ailleurs, quand elle a la situation en main, la première chose que la prof veut faire apprendre et répéter au caïd, c’est le nom de Molière !
Car c’est un fait, l’élève qui n’a pas envie d’apprendre n’apprendra pas. Bien au contraire, il se bute et, entre les deux directions devant lesquelles hésite l’âne de Buridan, contrairement à l’âne, il n’aura pas de mal à choisir la voie du refus. C’est celle dont il sait pertinemment qu’elle le mènera à une victoire sur le système qui assurera davantage son rang de caïd.
Le proviseur le dit clairement aux journalistes dans le film : « nous n’avons
aucun moyen de pression sur ces élèves. » Les élèves sont là, bons ou mauvais plants à chauffer au coin des radiateurs ou sur un coin de
pelouse... Ils sont là, ils viennent, ils ne viennent pas, ils travaillent, ne travaillent pas, de toute manière, le passage en classe supérieure est un
acquis, la scolarisation est obligatoire et puis le bac est accordé à 100% d’une classe d’âge... C’est un projet politique récemment étendu au niveau de la licence : 70% de réussite
d’une classe d’âge !...