Ce n’est pas pour exhiber la mort en direct que ce jeune réalisateur palestinien a filmé le corps de Hazza Shadid emporté par les secours mais bien pour consacrer la vie de son ami et figurer l’existence de tout un peuple. Les images de ce document ont une puissance d’effroi incroyable ; porté par le souffle haletant du réalisateur, le visage de ce gamin agonisant ne nous quitte pas.
Loin du cadavre fixé par la photo, le film d’Ossama Qashoo fait le récit de la déportation de la vie. Le réalisateur filme la mort qui vient pour que nous la regardions prendre ce jeune garçon. Une seule balle tirée contre des gamins qui jetaient des pierres sur des véhicules blindés est en train de tuer la vie.
Eloigné du travail photographique qui conduit le plus souvent à une forme de personnalisation, de transposition individuelle chez le spectateur, le documentaire d’Ossama Qashoo refuse l’imaginaire, l’illusion pernicieuse pour donner à voir la réalité de la Palestine au travers de ce destin perforé par une seule balle.
Laurent Monserrat
Bullet journey, un film réalisé par Ossama Qashoo
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