L'HISTOIRE
Ce roman est le dernier écrit par Jane Austen, il parait de façon posthume en 1818 ! Sir Walter Elliot, rencontrant des problèmes financiers, met sa demeure familiale en location et s'installe à Bath avec sa fille aînée Elisabeth ! Ces deux autres filles : Mary, mariée (à Charles Musgrove) et mère de famille, est égoïste et nombriliste ; Anne, fille cadette mal aimée, qui a 26 ans a perdu sa fraîcheur, a un caractère, et une sensiblité remarquables. Sept ans après des fiançailles rompues avec Frédérick Wenworth, Anne est de nouveau mise en présence du jeune homme. Dans une atmosphère joyeuse, de jeunesse et de promenades, les jeunes gens de ce roman tissent des liens, nouent des intrigues... Anne et Frédérick auront-ils la chance de se retrouver ?
PETITE ANALYSE
Comme souvent dans les romans de Jane Austen, les intrigues amoureuses forment le principal sujet. Les interrogations sentimentales, les hésitations, l'importance des bienséances, du rang social sont autant d'obstacles à la concrêtisation des mariages. Le personnage d'Anne est particulièrement attachant. Sans être encore considérée comme une vieille fille (elle a 26 ans), Anne a perdu la fraîcheur de sa jeunesse, et ses fiançailles rompues ont tendance à la classer parmi les filles difficiles à marier. Pourtant son intelligence, sa sensibilité, mais aussi le peu de considération que sa famille a d'elle, font d'elle un personnage romanesque exemplaire. Le style de Jane Austen me surprend toujours par sa modernité! En le comparant à d'autres auteurs de son époque, on trouve dans sa prose une modernité dans les dialogues, les réflexions introspectives. Elle a une façon de captiver son lecteur, de le faire pénétrer dans les pensées de son personnage principal qui me fait penser davantage aux romanciers de la fin du XIXème plutôt qu'à ceux de la fin du XVIIIème. Chaque caractère est dessiné avec attention, ce qui importe n'est pas tant ce qui se passe, que ce qui se dit et ce qui se pense. L'apparence sociale est-elle révélatrice de l'être? Finalement tout est là ! Le rang social est-il une garantie de noblesse d'âme? Comme George Sand, Jane Austen prend souvent le parti du mal aimé, de celui ou celle qui ne se fait pas remarquer, et qui cache des qualités secrètes. L'opposition entre M. Elliot, cousin d'Anne, et M. Wentworth est en cela exemplaire. Tandis que tout le monde s'entend à trouver le premier charmant, prévenant, le second, plus en retrait, a subi les a-priori. C'est pourquoi d'ailleurs, les fiançailles avaient été rompues.
Le titre trouve sa justification à plusieurs reprises dans le roman. Anne a-t-elle eu raison de se laisser persuader de rompre ses fiançailles :
"Elle l'avait abandonné pour obliger autrui. Cela avait été l'effet d'un excès de persuasion. C'était un signe de faiblesse et de timidité" (pp.74/75)
ou encore :
"Si j'ai eu tort de céder autrefois à la persuasion, souvenez-vous que c'était à une persuasion qui plaidait conte le risque et non en sa faveur. " (p.286)
L'influence d'autrui, le jugement d'autrui est-il capable de changer notre propre perception des gens et des évènements au point que l'on se range du côté de la raison plutôt que du côté de ce que l'on ressent ?
MON AVIS
D'après ce que j'en sais, Jane Austen n'a pas eu le temps de pratiquer les corrections voulues, et j'ai effectivement senti parfois une accumulation d'événements dus au hasard qui orientaient l'intrigue de façon un peu superficielle. Certaines révélations explosives sont parfois suivies de peu d'effets comme un pétard mouillé ! Les évènements se succèdent malgré la volonté d'Anne, et sans que celle-ci n'intervienne réellement sur le cour de sa vie. Elle semble subir les évènements, en espérer beaucoup mais comme résignée cependant, et prête à supporter l'échec ! Cependant, l'ambiance du roman, les différents personnages, les caractères en présence, rendent ce roman agréable.
NOTE : 7:/10