… “âme passionnée et vibrante“
Les “Éditions de Bourgogne ” publie dans leur collection “biographies” celle de ce grand auxerrois, universellement reconnu pour la qualité de ses travaux scientifiques, mais également acteur de premier plan d’une République et d’une France qui se cherchent et hésitent.
Jean-Pierre Soisson nous restitue ce personnage hors du commun. Un auteur qui souligne avec discrétion des couleurs, des odeurs, des sensations ou des saveurs souvent partagées avec son “héros” : “la politique du possible”, le réformisme non révolutionnaire, la plongée, l’Algérie, le vin et les “dîners de la marmite” ou … du Club des Cent.
“Cet idéal d’une école qui brasse toutes les origines, toutes les classes sociales, toutes les croyances et qui s’impose de rester neutre face aux convictions religieuses et philosophiques ou politiques, demeure plus actuel que jamais.”
Le livre montre avec précision, que les Lois fondamentales sur l’enseignement portées par Jules Ferry et dont elles conserveront pour la postérité la “patronymie”, sont inspirées par Paul Bert. Un Paul Bert qui aurait souhaité aller plus vite et plus loin.
L’auteur répugne parfois à suivre Paul Bert dans ses excès “lyriques” : ” Parfois Paul Bert exagère - mais serait-il lui-même sans ces exagérations …” En écrivant ce livre Jean-Pierre Soisson se dévoile dans sa propre complexité. Ce n’est pas un des moindres intérêts du bouquin.
Auxerre, la Puisaye, l’Yonne, la Bourgogne, sont des toiles de fond très présentes, des ancrages dans le réel d’une épopée qui se terminera prématurément outre-mer “loin des racines”. C’est aussi au-delà des racines que l’on découvrira sans doute le Paul Bert passionné par la politique coloniale de la France, grand administrateur : ” Paul Bert porte en lui le désir d’un autre monde, d’une autre aventure, loin des joutes du Parlement … Il s’engage se passionne, devient missionnaire de l’expansion coloniale.”
Il est impossible, en lisant ces lignes, de ne pas évoquer la jeunesse de Jean-Pierre Soisson dont la carrière personnelle hésita sur le sol algérien. Mais on retrouvera toujours l’éclairage des excès : ” … Paul Bert oublie les droits de l’homme, qui sont fondés sur la responsabilité individuelle. Il y a en lui, comme toujours, une propension à l’exagération; quand il défend une position, il va au-delà de l’attitude prudente, expérimentale, qu’il adoptait naguère dans le domaine scientifique…”
Paul Bert, un personnage hors du commun, ramené à la vie par le talent d’une écriture alerte et très vivante; une “âme passionnée et vibrante“ d’hier au coeur d’un vrai roman contemporain à ne pas manquer.
[réédition avec les “com” initiaux. Le livre est sorti en librairie le mardi 25 mars 2008.
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