Défendre son emploi malgré la crise économique
François Richard
Dossiers économie, emploi et justice
La Cour supérieure du Québec a accordé une injonction à l’Université du Québec à Montréal le 25 mars dernier. La mesure est dirigée contre les professeurs de l’établissement, en grève depuis deux semaines. Il leur sera interdit pour les dix prochains jours de tenir quelque manifestation que ce soit à l’intérieur de l’université, d’être plus de cinq à la fois sur les lignes de piquetage et de s’approcher à plus de cinq mètres des portes de l’UQAM lorsqu’ils manifestent.
Ces mesures sont extrêmement sévères, vu le peu d’impact de ce conflit de travail sur la société en général. De plus, le juge Jean-François de Grandpré a eu recours à un argumentaire peu crédible pour justifier sa décision, évoquant la sécurité des usagers de l’UQAM qui serait mise en péril par les professeur qui manifestent. Comme si ces derniers étaient un groupe de dangereux trouble-fêtes qui risquaient à tout moment de saccager l’université et de s’en prendre violemment aux étudiants ou aux employées de cafétéria.
Crise économique, licenciements, conflits de travail
Plus de 200 000 Canadiens ont perdu leur emploi depuis le début de la crise économique. Il est inquiétant dans ce contexte de constater que la justice se montre prête à briser un mouvement de contestation légitime au nom de considérations sécuritaires tirées par les cheveux. Avant même que la crise actuelle ne débute, les Québécois et les Canadiens des autres provinces ont été témoins d’un durcissement croissant des relations de travail et d’un effritement des droits des travailleurs au pays. Depuis une dizaine d’années, le phénomène s’aggrave et ce autant dans les entreprises privées que chez les employeurs publics, de Wal-Mart qui ferme ses succursales récemment syndiquées au gouvernement du Québec qui interdit toute forme de militantisme au employés du secteur public sur leurs lieux de travail.
S’il faut qu’en plus les tribunaux se mêlent de conflits de travail qui ne concernent pas la justice, il faut s’attendre à ce que de nombreuses entreprises profitent de la crise pour effectuer des licenciements et des réductions de salaire qui auraient été considérées inacceptables en des temps plus prospères. Pourtant, pour qu’une société soit prospère, il faut que la majorité de sa population le soit aussi. Malgré les conditions difficiles crées par la crise, les travailleurs doivent continuer de défendre leur emploi et leur qualité de vie.
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