Exercice illégal de l'épidémiologie

Publié le 28 mars 2009 par Samiahurst @samiahurst
Je sais, il y en a marre des commentaires catholiques sur le préservatif, et à y rétorquer une fois de plus on commence à leur donner trop d'importance. Mais voilà maintenant l'évêque d'Orléans qui s'improvise épidémiologue. Par loyauté sans doute, pour défendre le point de vue du pape sur le préservatif. Très compréhensible, mais pas du tout scientifique. Sauf pour en emprunter les termes, et essayer d'en avoir, à bon marché, l'autorité. En déclinant récemment ce que des auteurs anglophones ont appelé le 'denialisme' (ou 'dénisme' en français), je ne croyais pas voir si vite autant d'exemples fleurir de toutes parts.
Sauf que ça se voit. Car en bref, faut-il le rappeler, le préservatif est efficace dans la prévention du VIH. Et si l'abstinence est effectivement efficace elle aussi, la prôner l'est nettement moins. Les effets des programmes d'éducation basés sur l'abstinence et la monogamie ont pu être abondamment étudiés pendant qu'ils constituaient la base des plans de prévention financés par l'Amérique de Bush. Le moins qu'on puisse dire, c'est que les résultats sont décevants . Même les jeunes qui prêtent formellement serment de virginité jusqu'au mariage n'attendent en moyenne pas le mariage, et ne retardent que de quelques mois leurs premiers rapports sexuels. Ils ont effectivement moins de partenaires, mais autant de maladies sexuellement transmissibles. On fait mieux comme résultat.
Mais soyons juste. Dans les contorsions actuelles de l'église catholique, il y a quand même deux aspects à garder. D'abord, l'idée qu'il y a des circonstances dans lesquelles le préservatif est moins fiable. En fait, c'est vrai. Spécifiquement, lorsqu'on s'en sert mal, ou lorsqu'il est utilisé avec un lubrifiant à base d'huile (comme la vaseline par exemple). En bonne médecine, et en toute cohérence avec ses soucis présents pour la santé publique, le Vatican devrait prôner l'usage de lubrifiants à base d'eau. On ose à peine y penser. Surtout que pour compléter le tableau médical il faudrait aussi des cours sur le bon usage dudit objet. Ahem...
Mais à garder aussi, l'idée d'indiquer sur les moyens de prévention qu'ils n'ont pas une fiabilité totale. Excellente idée, ça. Sauf que la mesure la plus directement concernée serait...la prière. On croit rêver, mais voici l'histoire d'un pilote de l'aviation tunisienne condamné récemment par un tribunal italien pour avoir négligé son devoir lors d'un pépin en plein air. Au lieu d'enclencher les mesures d'urgences, il s'est mis à prier à haute voix. L'avion est tombé dans la Méditerranée, tuant 16 personnes. 'Fiabilité incomplète', aviez-vous dit?