La question du pouvoir d'achat reste plus que jamais d'actualité avec la crise que nous traversons. J'avais récemment écrit un billet où je présentais la note de
conjoncture de l'INSEE qui était - c'est un euphémisme - très pessiste. J'avais ainsi expliqué que la consommation des ménages français s'était à nouveau effondrée en février, notamment dans
le champ "commerce" (ventes au détail hors automobile, pièces détachées et produits médicaux) où les dépenses ont chuté de 3,2 % après avoir augmenté de 1,9 % en janvier. Les dépenses de
consommation en biens durables sont elles aussi retombées de 0,5 % après + 2,5 % en janvier, sous l'effet d'une contraction de 1,2 % des dépenses en biens d'équipement du logement et d'un net
ralentissement des achats d'automobiles (+ 0,2 %).
Aujourd'hui, j'apprends qu'une enquête réalisée par
le magazine 60 millions de consommateurs daté du mois d'avril et l'Institut national de la consommation (INC) met en lumière des pratiques
marketing destinées à tromper le con(sommateur). L'article, fondé sur les témoignages de clients et une étude interne, liste une série de produits populaires - paquet de cornflakes, biscottes,
café ou thé - pour lesquels les grands formats sont vendus comparativement plus cher que les petits formats.
Pour comparer réellement les prix, il faut se reporter au prix au kilogramme, mention désormais obligatoire dans les grandes surfaces. C'est là que se trouvent les surprises : les
journalistes du magazine ont relevé dans un Carrefour et un Leclerc de la région parisienne les prix d’une dizaine d’articles du petit déjeuner et, à quelques exceptions près, tous les produits
étaient plus chers en grand format ! Une lectrice explique ainsi que dans son hypermarché Auchan, il est moins cher d'acheter deux paquets de céréales Spécial K de 375 grammes (5,73 euros)
qu'un paquet de 600 g (6,50 euros le kilo).
Précisons immédiatement que ceci n'a rien d'illégal, puisque les distributeurs fixent librement leurs prix. Cependant, le consommateur se sent, à juste titre, abusé par des offres estampillées
"grands volumes" ou "prix économiques" et qui ne sont pas de si bonnes affaires que ça... Gageons que cette enquête permettra de remettre quelque peu les pendules à l'heure avec ce type
d'offres.
Pour finir, je ne résiste pas à l'envie de citer la justification de Michel-Edouard Leclerc, justification qui est probablement celle qui m'énerve m'interpelle le plus : "Même si un format économique est plus cher qu'un format standard au prix au kilo, la vraie question est de savoir si
ce format économique est moins cher dans une enseigne que dans une autre". Cela s'appelle détourner l'attention du vrai problème, tactique classique pour un avocat dont le client est
coupable avec certitude...