Magazine

Un chat un chat

Publié le 28 mars 2009 par Rob Gordon
Un chat un chatLe cinéma de Sophie Fillières ne ressemble qu'à elle, et c'est tant mieux. Jamais totalement séduisant du fait d'un excès de loufoquerie, il attire néanmoins par son refus des conventions et sa façon de prendre simultanément des directions contraires. Jolie façon de ne jamais revenir au point de départ. Comme ses précédents films, Un chat un chat est profondément déstabilisant, puisqu'à mi-chemin entre le psychanalytique et le n'importe quoi. On navigue à vue entre ces deux domaines parfois convergents, c'est souvent délicieux, parfois fatigant, mais ça a en tout cas le mérite de ne jamais se reposer sur de quelconques acquis.
Plus que Aïe ou Gentille, Un chat un chat a quelque chose de bonitzerien. Pas parce que l'une des actrices principales est la fille de Sophie Fillières et Pascal Bonitzer, mais plutôt pour la dualité morbide de la relation entretenue par les deux héroïnes. Comme Laurent Lucas et Fabrice Luchini dans Rien sur Robert, comme tant d'autres fois chez Bonitzer, les personnages principaux sont des sortes de doubles malsains de l'autre, comme la même facette d'une même personne mais à des pages différents. Façon d'expliquer le curieux lien qui unit Célimène à Anaïs, qui la suit partout sans que cela dérange qui que ce soit.
Il y a sans doute mille interprétations pour chaque évènement qui se produit, pour chaque interrogation qui se pose. Le somnambulisme de Célimène, sa brutale panne de paroles, la façon qu'elle a de ne pas arrêter de fumer. On peut aussi se laisser porter par ce curieux objet fantasque et bizarrement grisant, qui crée de vraies sensations de cinéma. L'image de l'appartement en travaux recouvert par une immense bâche sous laquelle s'endort Célimène pourrait être anxiogène, elle est juste magnifique. Cette obsession du patronyme, du changement perpétuel de nom aussi. Tout comme cette façon de mélanger Francis Cabrel, L'albatros, Le lagon bleu et Amélie Nothomb. On n'en sort pas forcément rempli, mais juste avec l'impression d'avoir passé cent minutes dans le cerveau d'une extra-terrestre en pleine thérapie filmique, d'avoir vécu un moment privilégié avec la belle et géniale Chiara Mastroianni.
6/10

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rob Gordon 109 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte