Je l'ai fait... Yes, I did it (C'est gagné, c'est gagné, dirait Dora !)... J'ai survécu à ma semaine de forcenée de l'Education Nationale, sans courir
partout en hurlant "Alors, la moyenne de ce trimestre est... ". Je respire encore. J'ai joué la prof gentille ou la prof méchante mais, j'arrive encore à bouger. Ouf ! Ils ne m'auront pas
abattue.
Ou pas complètement.
Parce qu'après une semaine complète à partir de la maison à 7 heures pour ne rentrer qu'après 21 heures, avec en plus des copies à corriger, la fatigue physique est là... Et, forcément, quand le
corps est trop fatigué, il essaie d'aller puiser des ressources dans le moral. Et là, c'est déjà beaucoup moins drôle.
C'est comme ça que, rétrospectivement, je me suis rendue compte que mon anniversaire était le troisième que je passais seule : depuis ma séparation d'avec le père de MiniBri, les différentes
histoires que j'ai eues n'ont jamais coïncidé avec mes 31, 32 ou 33 ans. Cela fait donc trois ans que personne ne s'occupe de moi pour mon anniversaire. Peut-être que, pour mes 33 ans, j'aurais
préféré qu'un homme sorte nu d'un gâteau géant en hurlant "joyeux anniversaire" et agitant son corps huilé sous mon nez ?... Euh non... Pas jusque là... Mais, j'aurais sûrement apprécié qu'un
homme m'invite au resto, me câline et prenne soin de moi, au moins le temps d'une soirée... A la place, j'ai eu l'Education Nationale qui m'a offert une semaine intense de boulot. Qui se demande
pourquoi j'aurais préféré la première solution ?
Je me suis aperçue aussi que la maison était désespérément vide quand je rentrais après 21 heures, chaque soir. Comment ça ? Aucun amoureux transi ne m'attendait sur mon paillasson ? Aucun homme
n'est venu gratter à ma porte en attendant que j'ouvre ? Mais... Comment cela se fait-il ? Et en plus, il n'y a personne qui m'a préparé un bon petit repas pour que je décompresse de ma
journée... Parce qu'il faut le dire, j'aurais bien eu besoin, aussi, d'un petit coup de main au niveau intendance, cette semaine. Ca aurait évité que ma maison soit un croisement de Bagdad et de
Tchernobyl...
Et puis, voir chaque soir, la majorité de mes collègues féminines se jeter sur leur téléphone pour appeler leur conjoint pour leur dire "J'arrive" m'a bien rappelé que personne ne m'attendait.
J'ai failli téléphoner à mon canapé pour lui dire que j'allais bientôt le rejoindre, mais il n'a pas tellement de conversation et je ne suis pas certaine qu'il m'attende impatiemment, de
surcroît...
Mais, d'un autre côté, j'ai été bien contente aussi de ne pas avoir un amoureux, à la maison, à qui j'aurais dû faire la conversation chaque soir; parce qu'à part vaguement grogner, je suis pas
sûre que j'aurais été capable d'autre chose. Et puis quand j'ai entendu cette collègue de Dinoland se disputer avec son conjoint parce que ça faisait deux minutes qu'il l'attendait devant le
collège alors qu'elle finissait de remplir ses bulletins, je me suis largement félicitée de mon statut de célibataire.
Enfin, après une bonne nuit de sommeil, une soirée sans me désespérer par avance du programme du lendemain et un réveil des plus calmes, je me dis qu'avec ou sans homme, ma semaine de boulot
aurait été exactement la même; certes, j'aurais peut-être eu des sas de décompression différents, mais j'aurais dû fournir exactement la même disponibilité physique et mentale aux collèges et que
je serais exactement dans le même état de fatigue physique à ce moment précis.
Et puis, surtout, je me dis que si je devais avoir amoureux, ce ne serait pas seulement pour ne pas être seule pour mon anniversaire, ni pour qu'il me soulage dans la gestion du quotidien, ni
pour avoir quelqu'un qui m'attende à la maison comme tout le monde et encore moins pour me faire des remarques sur le temps que je mets à sortir du collège. Non, si je devais avoir un homme dans
mon coeur, ce serait un peu pour tout ça, mais surtout pour bien d'autres choses...