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“Paris est plus grand que Paris”, ou quand le Grand-Paris s’invite dans les municipales

Publié le 05 septembre 2007 par Jean-Paul Chapon

Bertrand Delanoë est donc candidat à sa succession à la mairie de Paris. Ce n’est pas une surprise, et après tout c’est une bonne chose, même si Paris est sa banlieue marque quelques distances avec la politique de déplacements de la ville de Paris. La campagne sera certainement l’occasion de clarifier certaines positions, et comme le déclare Bertrand Delanoë dans l’entretien accordé au Parisien hier (4 septembre 2007) à propos des Verts : « Je veux saluer leur travail. Mais soyons honnêtes. Il y a eu parfois des désaccords et des comportements qui s’apparentaient à de la surenchère. »

Dans cet entretien, le maire de Paris qui n’est pas « anti-voiture », mais « anti-pollution » décline une nouvelle fois la panoplie de recettes tendance Baupin, son adjoint Vert aux transports, sur les déplacements : tramway jusqu’à la Chapelle, voire la porte d’Asnières, fréquence des métros et des bus renforcée, Vélib’ et navettes fluviales. Pas très différent, irréaliste pour les navettes fluviales face à un besoin de transports de masse, mais pour le moins honnête puisque Bertrand Delanoë reconnaît, lorsqu’il parle de la fréquence des métros et des bus aux heures de pointe que « cet objectif engage évidemment nos partenaires ». Effectivement, sans l’action du STIF et de la RATP, cela restera un vœu pieux.

Mais vue dans une optique Paris est sa banlieue, cet entretien est particulièrement intéressant. Il n’y a quelques jours, j’avais publié une note intitulée, Le Grand Paris dans Libé en août, dans les programmes électoraux en mars ? Les réponses au Parisien du maire de Paris m’encourageraient à supprimer le point d’interrogation. Ainsi, à propos d’une possible fermeture des voies sur berges, obsession très parisienne au sens étroit de Denis Baupin, Bertrand Delanoë précise que s’il est favorable à une « reconquête progressive… mais conditionnée à une baisse de la circulation dans Paris. Sur cette base, dès la prochaine mandature nous nous fixons l’objectif dans reconquérir une partie… Bien entendu, ce sera mis en œuvre avec l’Etat, les riverains et les communes voisines. » La leçon du Plan de Déplacement de Paris (PDP) a été retenue. De même sur l’idée de réserver une file du périphérique aux bus, taxi et covoiturage, si Bertrand Delanoë trouve l’ « hypothèse intéressante », il ajoute immédiatement « là encore, rien ne peut se concevoir sans une réflexion approfondie avec nos voisins et l’Etat, car il s’agit d’un axe majeur. »

Et surtout, questionné par les journalistes du Parisien sur « la création d’une structure intercommunale, comme le propose Nicolas Sarkozy » la réponse de Bertrand Delanoë tient quasiment lieu de programme, tant il ose pour une fois transgresser le tabou du Grand-Paris, sans en prononcer le mot. « Je n’ai pas attendu son intervention pour restaurer le lien avec les communes de l’agglomération, après des décennies d’arrogance parisienne. Conventions bilatérales, conférence métropolitaine : nous avons énormément avancé. Mais je suis favorable à une nouvelle étape. Au lendemain des élections de 2008, mettons-nous autour de la table. Pour concevoir d’autres outils communs et élaborer un schéma institutionnel. Car Paris est plus grand que Paris. »

D’un Paris est plus grand que Paris à un Grand-Paris tout court, le pas ne semble pas trop grand à franchir, même si Bertrand Delanoë ménage Jean-Paul Huchon, le président de la région Ile-de-France, dont l’opposition à l’idée de Grand-Paris n’est pas nouvelle, « la région Ile-de-France doit jouer un rôle central dans cette future institution », tout en répondant à la l’appel du pied voilé de Nicolas Sarkozy, qu’il rappelle à ses responsabilités « l’Etat devra clarifier ses positions, notamment sur le plan budgétaire. »

Ainsi le Grand-Paris semble s’inviter directement dans la campagne de Bertrand Delanoë dès la première minute. C’est encourageant car cela montre la volonté de ce dernier de vraiment faire bouger Paris. Il est vrai, qu’il ne peut pas se permettre de laisser l’UMP ou le MoDem préempter le thème, et paraître conservateur sur un sujet qui dénote une vision à l’échelle des défis de la capitale et qui, au-delà de l’anecdote Vélib’ en banlieue, est en passe de devenir un des sujets clé des municipales, non seulement pour Paris, mais pour toutes les communes de l’agglomération parisienne.

à suivre…

Jean-Paul Chapon


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