Le Comité de Bassin d’emploi de Lille Sud nous avait invité l’autre jour à une matinée de réflexion sur les problématiques reliant l’emploi à la mobilité.
Cela semble aujourd’hui couler de source : on accepte un travail, quelle que soit la distance par rapport à son domicile. Les zones d’activités ont d’ailleurs été soigneusement construites à l’extérieur des villes, comme pour épargner à notre vue ce travail source de malheur. Ils sont loin la courée, le coron, à quelques pas de la fosse ou de la filature. Encore que dans mon souvenir, je revois les femmes de la Lainière de Cambrai remonter de bon matin à pieds vers la gare de Denain, à proximité de laquelle j’ai grandi.
Les travailleurs sociaux notent pourtant que c’est aux plus démunis qu’on demande d’être les plus mobiles : ils sont plus soumis aux emplois précaires, alors qu’ils n’ont pas le permis de conduire, qu’ils savent moins bien se retrouver sur un plan, qu’ils sortent moins souvent de leur environnement immédiat. On ajoute donc les handicaps de mobilité aux handicaps d’éducation, de formation, de moyens financiers. Le geste de l’automobiliste qui démarre tous les matins sa voiture personnelle pour se rendre seul à son travail est déjà celui d’un priviliégié.
Ce simple constat implique toutes une série de conséquences :
- il faut impérativement inculquer à nos enfants une culture de la mobilité, c’est une nécessité pour leur avenir de femme ou d’homme ;
- il faut impérativement tenter de rapprocher l’habitation du lieu de travail, faute de quoi on précipite sur les routes saturées des travailleurs qui n’ont pas d’autre solution
- il faut prendre en compte la mobilité dans les perspectives de développement économique. On ne peut plus construire des installations industrielles, des services, des bâtiments où l’on va venir travailler sans inclure des possibilités d’accès, et pas seulement des accès routiers.
- la lutte pour la mobilité a un coût. L’automobile reine nous coûte environ 155 euros par mois (chiffre LMCU). Le transport en commun coûte évidemment beaucoup moins cher, parce qu’il est largement subventionné par la collectivité. Et il suppose la mise en place d’infrastructures très importantes.
Et puis rêvons : un jour, nous utiliserons un peu plus la bicyclette, comme le font nos voisins belges (20% du trafic domicile-travail dans le Hainaut, contre 2% dans la communauté urbaine). Cela ferait moins de monde aux feux rouges et dans les parkings, et nous serions plus sveltes, et donc moins souvent malades…