Et c'est alors que se produit l'impensable : Beverly Hills chihuahua, crénom de crénom, c'est évidemment un film pour enfants, mais ce n'est pas si nul. Voilà un vrai film d'aventures canines, avec son lot de personnages secondaires attachants, un paquet de rebondissements improbables mais efficaces, et même quelques scènes franchement réussies dans le genre. Le film de Raja Gosnell bénéficie en premier lieu d'effets spéciaux réussis, ce qui le rend immédiatement plus sympathique que des bidules numériques et ratés comme Comme chiens et chats (avec le pauvre Jeff Goldblum). À vrai dire, on finit par croire que ces chiens sont doués de parole, même sans être sous l'emprise d'une quelconque substance illicite. Après une présentation qui augure du pire (la jeune chihuahuette, sorte de Paris Hilton version clebs, est au départ complètement insupportable, tout comme la vraie Jamie Lee Curtis qui vient faire coucou pour payer ses impôts), on se laisse finalement prendre au jeu, quitte à entamer très largement son capital crédibilité.
Réponse à la première question : oui, on trouve une raison d'être venu, et on n'a pas l'impression de perdre complètement son temps (mais mieux vaut tout de même y emmener des enfants avec soi, ça semblera moins louche). Quant à la deuxième question, on comprendra qu'elle reste en suspens afin de donner au lecteur l'envie de pousser la porte et d'aller passer une heure trente avec ces petites bêtes laides et poilues, mais dont l'odeur a l'avantage de ne pas traverser l'écran. Disons que les fans du teaser (s'il y en a) seront à la fois frustrés et satisfaits. Entre les pyramides mayas se joue une scène, sans doute la meilleure du film, où les chihuahuas crient leur révolte et revendiquent le droit de ne plus être affublés de vêtements et de sobriquets ridicules. Et l'on comprend que c'est finalement un film anti bling-bling, un crachat à la face de Paris Hilton, une façon de justifier l'intégralité de ce long-métrage. Comme il ne faut pas pousser le bouchon trop loin, relativisons en précisant que oui, certes, c'est un film pas antipathique, mais ça ne révolutionne ni le cinéma, ni même le cinéma canin. En sortant, on regrette l'époque où, âgé de sept ans et demi, on allait voir Beethoven avec ses parents et où on trouvait ça vachement chouette.
4/10