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DOOM - Born Like This

Publié le 27 mars 2009 par R0udy

doombornlikethis.jpgPendant que le reste de la blogosphère s'émeut des derniers écrits d'Oxmo Puccino, je n'oublie pas qu'une grande partie de l'attrait de la musique repose sur, vous savez, la musique, et accuse donc l'antidiplomate de ne plus avoir mal au mic—peut-on lui en vouloir ? Sa verve mélodique de l'époque Opéra a disparu : ses arrangements se sont affadis, son flow capricieux s'est discipliné et au final, bien que l'album demeure correct grâce aux textes il épouse parfaitement le moule Ruquier/Ardisson et ses implications directes. Passons.

Six mille kilomètres plus à l'ouest le hip-hop underground-mais-pas-trop connaît également une sortie majeure : Born Like This, d'un DOOM dont l'MF est récemment tombé. Les heads sont partagés entre scepticisme et impatience : en dehors de quelques apparitions sporadiques, Metal Fingers n'a en effet rien diffusé depuis sa brillante collaboration avec Danger Mouse en 2005 et se mit une partie de sa fanbase à dos lorsque deux ans plus tard une doublure le remplaçait en concert ; faux-pas qu'il n'évoqua jamais dans la presse jusqu'à une récente interview pour Rolling Stones : “Everything that we do is villain style. Everybody has the right to get it or not get it. Once I throw it out, it’s there for interpretation. It might’ve seemed like it didn’t go well, but how do we know that wasn’t just pre-orchestrated so that we’re talking about it now? I tell you one thing: people are asking more now for live shows and I’m charging more, so it must’ve worked somewhere.”

Sincèrement, quelqu'un qui pousse la personnification si loin peut-il même envisager l'échec ? Bien que je me pose encore la question je pense que la réponse se trouve là, en plein milieu de l'album.

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Piste 10, Cellz. Beat kitschos tendance film d'épouvante spatial des années 50 couvert d'explosions apocalyptiques lo-fi, et Charles Bukowski. Vous avez bien lu, Charles-motherfucking-Bukowski hante Born Like This et y narre l'intégralité de son Dinosauria, We, un poème que l'emcee juge “prophétique”. Là, on comprend que même si Pitchfork le crucifie DOOM pourra toujours plaider la folie et s'en tirer génie incompris, voire vous savez quoi, surement même compris. Ce type est un connard ; tout ce qu'il y a à faire c'est d'écouter, de se révolter, d'admirer et surtout, surtout de se la boucler. On va attaquer les trois premières clauses d'un coup puis subitement se souvenir de la quatrième, ça va être marrant vous verrez.

La première piste s'ouvre sur un beat soulful générique rapidement interrompu par un discours de Mr. Chop, l'alter ego polymorphe de DOOM qui réapparaitra ponctuellement par la suite : “Hahaha, looks like I hit the jackpot !” dit-il, préfigurant sans doute l'hijacking constant de compositions au long de l'album, sur Gazillion Ear en tête. Là où l'on attendait sans doûte un délire à la King Geedorah arrive un egotrip réminiscent de la période MM..FOOD, où “flow slow as mango” rime avec “Don Juan tongue pro”. La suite perdure dans la tradition weirder-than-tou : “Half-cocked and half-baked \ use to keep a full stock of work half-rock and half-shake \ My mistake, signing track agreement \ for more Gs than lines and cracks in the cement \ In any event, it's fake like wrestling \ get'em like Jake the Snake, on mescaline”. Sérieusement. L'écoute révèlera ses subtilités à qui saura les saisir : les premières secondes par exemple retentissent “Dilla-Dilla-Beats-Beats !”,

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une minute vingt plus tard, DOOM prononce “Villain when it gets realer spit the scrilla with [pause] Dilla, Dilla, mix, mix, mix, do a deal for kicks and get rich quick” tandis que le son dérive depuis un unreleased vers un second beat de Jay Dee, Dimethyltryptamine, déjà employé (c'est là tout l'intérêt vous dirais-je) par Jay Electronica l'année dernière sur sa mixtape What The Fuck Is A Jay Electronica. S'enchaîne le premier single, Ballskin, d'une minute trente… instrumental par Jake 'meh' One. Lorsqu'on y pense, le niveau de wathefuck a déjà atteint un niveau stratosphérique là or il sera surélevé en permanence, pondéré toutefois par des Raekwon et Ghostfa Tony Starks en très grande forme. Sur More Rhymin',  Dumile envoye des lignes dont les sens s'empilent à l'infini : The key, plucked it off mayor \ Chucked it in the ol' tar pit off La Brea, playa \ They say he's gone too far”. Pour le plus grand malheur des abrutis Mr. Chop introduit à l'autotune Supervillainz, le closer ; DOOM chantonnait façon Biggie Smalls juste avant. La conclusion s'intitule quant à elle Thank Yah, et DOOM n'y lâche pas un mot. Traître.


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