Le rôle du cholestérol dans les maladies cardiaques est-il si important?

Publié le 27 mars 2009 par Marieclaude

À la suite de mon blogue sur la margarine et le beurre, quelques personnes parmi vous ont évoqué certaines remises en question sur le rôle du cholestérol dans le développement des maladies cardiovasculaires. J’ai donc décidé de tenter de clarifier la situation.

Au Canada et dans plusieurs régions du monde, la prévention des maladies cardiovasculaires passe par la surveillance des taux de cholestérol total, de mauvais cholestérol (LDL), de bon cholestérol (HDL) et de triglycérides adéquats. C’est la raison pour laquelle les médecins vérifient le bilan lipidique des gens afin d’observer leur risque d'être atteints de maladies cardiovasculaires.

Depuis quelques années, des scientifiques, des chercheurs et des médecins, notamment le cardiologue français Michel de Lorgeril, remettent en question l’importance de réduire les taux de cholestérol comme priorité pour la prévention des maladies cardiovasculaires. Ce constat fait suite à l’observation de données épidémiologiques démontrant que le seul fait d’améliorer les taux de cholestérol ne suffit pas à diminuer suffisamment le risque de maladies cardiovasculaires. En effet, 50 % des gens qui font des infarctus ont des taux de cholestérol adéquats. De plus, on observe même des indices de mortalité par maladies cardiaques chez les preneurs de statines qui sont des médicaments fréquemment prescrits pour réduire le taux de cholestérol sanguin (et qui représentent une industrie très lucrative).

Ce qui semble avoir le plus d’impact sur le risque de maladies cardiovasculaires serait plutôt le degré d’inflammation dans l’organisme, qui se mesure par le taux de protéine réactive de type C. Les récentes données indiquent que l’inflammation rendrait la plaque d’athérome fragile et spongieuse, donc plus susceptible de se détacher et d’obstruer les artères. Il semblerait également que, par une tentative de défense mal dirigée, les globules blancs deviennent aussi une source d’inflammation. Le risque de subir un accident cardiaque serait deux fois plus élevé chez les gens dont le taux de protéine réactive de type C est élevé par rapport aux autres dont le taux de cholestérol est élevé.

En partant du principe que les maladies cardiovasculaires sont davantage attribuables à de l’inflammation qu’à des taux de lipides sanguins inadéquats, les recommandations nutritionnelles prennent une autre direction, du moins en partie. Plutôt que de s’attarder à la diminution du cholestérol alimentaire et des gras totaux, il faudrait de préférence consommer davantage d'aliments qui ont la capacité de faire baisser l’inflammation dans les tissus, comme les fruits, les légumes, le thé, le cacao, le vin rouge, en raison de leur teneur élevée en antioxydants. Surtout, il faudrait mettre l’accent sur les oméga-3 marins que l’on retrouve dans les poissons gras, comme le saumon, la truite, les sardines et le maquereau.

Pour diminuer encore plus l’inflammation dans les tissus, il faudrait aussi mettre la pédale douce sur la consommation d’aliments riches en oméga-6 (huile de soya, de maïs, de carthame, de tournesol, etc.), de même que dans les aliments qui ont une charge glycémique élevée (farine blanche, desserts, pain blanc, croustilles, etc.).

Les recommandations visant uniquement la diminution du cholestérol sanguin, comme celles de l’American Heart Association, insistent sur la consommation de poissons gras. Ce sont surtout les moyens classiques de réduction des aliments riches en cholestérol, en gras saturés, en gras trans et en gras totaux qui sont mis de l'avant, plutôt que d'inciter à la consommation de fruits et de légumes, et à la réduction des aliments riches en oméga-6 et de ceux dont la charge glycémique est élevée. Si on suit la théorie de l’inflammation, les aliments comme les oeufs et les crevettes, riches en cholestérol, mais faibles en gras saturés, pourraient être consommés sans problèmes.

Mais qui a raison en tout cela? N’oublions pas qu’il s’agit ici de nuances assez importantes. Je ne crois pas, à ce stade-ci, que l’on doive rejeter la diète actuellement recommandée contre les maladies cardiovasculaires. Cependant, nous aurions sûrement avantage à mettre encore plus l'accent sur les fruits et légumes de même que sur une consommation élevée d’oméga-3. Je tiens toutefois à souligner que les récentes recommandations nutritionnelles contre l’hypercholestérolémie se rapprochent de plus en plus des recommandations des opposants à la théorie du cholestérol. Plus particulièrement, les recommandations qui concernent la teneur en gras total permise, qui est plus haute qu’avant, la consommation de poisson et d'aliments riches en fibres, donc ayant une charge glycémique moins élevée.

Tout en étant réceptif aux améliorations recommandées par les autorités en la matière, il faut adopter, là comme ailleurs, une attitude progressive et mesurée, en évitant de jeter le bébé avec l’eau du bain.

Pour ma part, je n’hésite pas à manger des oeufs et des fruits de mer qui sont riches en cholestérol parce que je sais que mon apport en oméga-3 et en fruits et légumes est suffisant et que je mange très peu d’aliments à charge glycémique élevée. J’ai toutefois hâte au jour où le taux de protéine réactive de type C fera partie des analyses sanguines de routine.

La nutrition est une science jeune qui évolue constamment. À chacun et chacune de faire de son mieux pour se tenir à jour.

Si vous avez un taux de cholestérol élevé, quels sont vos principaux repères alimentaires? Réduire le gras au maximum, manger des grains entiers, prendre des oméga-3 en capsules?

Bonne journée,

Marie-Claude

ref: passeport-sante.net