Julie Pietri sera le 28 mai 2009 à l'Alhambra de Paris pour un concert exceptionnel. L'occasion pour Influence de lui proposer en toute simplicité, en toute intimité, une interview.
1 / Au mois de Mai prochain vous donnez un concert unique à l'Alhambra, est-ce une nouvelle représentation du concert donné au Bataclan en 2007 ou un tout nouveau spectacle
?
Alors non ça ne sera pas du tout la même chose qu’au Bataclan. Au Bataclan j’avais un big band (Le Music Art Orchestra) avec lequel nous faisions un tour basé sur le jazz et la transformation de beaucoup de morceaux mais là je prévois tout à fait autre chose.
2 / Et dans quel état d'esprit êtes vous avant ce nouveau rendez-vous avec le public ?
Très excitée par ce que déjà, je suis heureuse que le coffret collector que nous offrons dans les magasins marche très bien, il contient d’ailleurs le DVD du Bataclan. Je vois bien que ce DVD à produit une certaine surprise dans le bon sens du terme et donc j’ai envie d’enfoncer le clou en faisant une soirée spécifique le 28 mai à l’Alhambra. Je trouve que c’est un lieu mythique qui revit et que j’ai très envie d’investir.
3 / Vous avez 25 ans de carrière, sentez-vous que le public à changé ou évolué dans la salle ?
Bientôt 30 ans même en 2010, les bios en ligne ne sont plus à jour. Oui le public à changé, heureusement pour eux, parce que déjà ceux qui me suivent ont pris de l’âge aussi et je sens toujours quand même une certaine jeunesse. Je dis toujours en plaisantant que je suis le Tintin de la chanson car ça marche un peu toujours de 7 à 77 ans, il y a beaucoup de jeunes sur mon myspace et facebook je trouve ça cool pourvu que ça dure longtemps. Ca fait un peu mon coté rock’n’roll que je vais d’ailleurs peut être un peu retrouver à l’Alhambra.
4 / Votre dernier concert faisait suite à la sortie de l'album «Autour de minuit» dont le concept était de reprendre des chansons de votre répertoire et d'autres artistes à la façon jazz. Comment avez-vous fait le choix des reprises ?
Le choix de reprises de ces chansons c’est des moments de vie, de ma vie. C’est des chansons qui ont traversées ma vie comme « La belle vie » parce que Sacha Distel m’a donnée ma 1ère chance de monter sur la scène de l’Olympia en vedette américaine et avec 2 duos avec lui en 81 donc évidemment je lui rend hommage c’est une tranche de ma vie. Il y a aussi « Les mots bleus » qui me rappellent des moments ou dans un couple on casse toute la magie en disant des mots de trop, par moment on ferait mieux de dire les mots qu’on dit avec les yeux. Etienne Daho par exemple « Heures Hindoues », entre la pluie, la nuit, les moments ou on dors pas c’est un morceau qui m’a beaucoup accompagné car je suis une grande insomniaque.
« Votre fille à 20 ans » une chanson créée par Moustaki pour Reggiani et bien la mienne vient d’avoir 17 ans alors je me dis aie aie aie pas trop vite. Aussi « Evidemment » de Berger/Gall est un morceau qui m’a accompagné, quand j’ai fait mon Olympia en 87. J’avais repris « La vie ne m’apprend rien », de Daniel Balavoine (décédé peu de temps avant) bien avant les autres, je l’avais rencontré sur plusieurs plateaux et c’est un garçon qui m’avait beaucoup interpellé et j’ai eu une grande peine intérieure à sa disparition. Je lui ai rendu hommage car ce personnage osait rentrer dans le lard de pas mal de gens, ce que l’on n’ose plus faire aujourd’hui. En reprenant « Evidemment » qui avait été écrite pour lui, je me souvenais de nombreux moments et je trouvais qu’il se passait beaucoup de choses pour la musique à cette époque là.
5 / N'aviez vous pas envie de faire un duo avec l'artiste original sur un des titres ?
La question ne s’est pas vraiment posée, je ne pense pas par exemple que Madame
France Gall avait envie de chanter avec moi. Et c’est pas évident je trouve de demander à quelqu’un de venir participer à quelque chose, j’aimerais beaucoup mais je pense que ça viendra plus tard
quand j’aurais rétablit l’équilibre.
6 / Pourquoi ne pas avoir proposé ce spectacle en tournée ?
Parce que c’est trop lourd à transporter, avoir fait le Bataclan avec cet orchestre était un luxe absolu mais à transporter c’est trop cher. C’était ingérable on était une vingtaine sur scène et pour partir en province il n’y a plus d’argent pour les hôtels, le voyage etc. Aujourd’hui on s’en sort bien pour ceux qui font comme j’aime du spectacle vivant et live mais à condition de réduire un peu les budgets ou de partir en formation réduite.
Les mairies et les théâtres font attention, je vois même par exemple Jean Louis Aubert qui est seul avec sa machine pour faire du son comme Anaïs que j’aime beaucoup ou encore Patrick Bruel (avec qui je ne me compare pas du tout) qui partent en tournée avec presque seulement leurs guitares. Il n’y a plus beaucoup de budget alloué à la culture il faut bien le dire.
7 / Vous avez connu un succès rapide et soudain avec votre tube «Eve lève-toi», est-ce évident à gérer et de quelle manière l'avez-vous fait ?
Ce n’était pas mon premier succès car avant, j’avais eu « Maria Magdalena » 5 ans auparavant. J’ai commencé en 80 et Maria Magdalena c’était 86/87. J’ai vendu 5 millions de disques sous le nom de Julie tout court, ensuite je suis revenue en 86 avec l’album « Le premier jour » sous le nom de Julie Pietri. Je suis le seul exemple français à avoir changé de nom en cours de route. Pour répondre à la question je n’ai jamais eu de succès qui a fonctionné rapidement, même Magdalena a mis 3 ou 4 mois à décoller, alors que la période était plus simple à l’époque. Même « Amoureux fous » avec Herbert Léonard ça n’a jamais été le coup de foudre immédiat pour moi dans les médias, j’ai toujours du ramer un peu pour imposer ma voix et les chansons que j’interprétais. Et encore plus d’ailleurs « Eve Lève-toi » qui a mis 6 mois avant d’être acceptée par les grandes radios, finalement tout m’est toujours revenu par le public lui-même qui entendait mes chansons comme le remix de Eve en 86/87. Le public qui entendait ce morceau en club écrivait pour savoir pourquoi il ne passait pas sur les ondes, les morceaux ont tous mis du temps à démarrer car le public aimait mais pas les radios, c’est assez marrant à vivre, j’ai jamais eu l’impression comme ca que tout m’arrivait tout cuit dans la bouche. Non pas que l’on s’habitue au succès, pas du tout, mais comme il est long à venir, au moment ou ca vient on se dit « ah bon finalement ca marche », j’étais souvent dubitative.
Ce que j’ai eu un peu de mal a gérer par moment ce sont les fans, ceux qui vous sautent dessus dans la rue ou qui vous insulte car vous n’avez pas le temps de signer un autographe, mais pas chez tous bien heureusement. Le côté hystérique me faisait peur moi je suis quelqu’un de pacifiste mais je trouve que ça c’est calmé par rapport à la folie de l’époque et heureusement.
8 / Une chanson comme ça qui vous suit tant d’années, parfois en avez-vous un peu marre de l’interpréter ?
Non car je n’arrête pas de changer la façon de les interpréter où je laisse chanter les refrains par le public. Ca aurait été un texte débile encore à la limite mais ce qui est dit dans « Eve Lève-toi » est encore tellement d’actualité, je vois encore tellement de religions où les femmes sont rejetées. Quand je dis « Pour un serpent de bible, à brisé son empire », je trouve que les intégristes de tout poil continuent à rejeter les femmes, on a même toujours besoin de la journée de la femme pour essayer d’imposer la parité des salaires. Quand je dis « Pour un enfant d’Afrique, a perdu le sourire », je trouve que l’Afrique n’a pas beaucoup changé il suffit de voir le Darfour. Les femmes continuent aussi partout d’êtes bafouées et j’ai envie de continuer à leur dire de se lever pour les aider et que les hommes se réveillent un peu pour les aider.
Voila c’est un texte tellement d’actualité que j’ai eu l’honneur d’écrire avec mon complice Jean Michel Bériat c’est pour
ça que j’aime toujours l’interpréter car si on écoute bien la chanson, a part que l’air est gai, elle ne l’est pas tant que ça, il est dit ce qu’il est dit. J’aime bien que ce
morceau perdure.
9 / Avez-vous été approchée lors de la création de la tournée RFM party 80 ?
Absolument, ce n’était pas d’actualité quand j’ai sorti le DVD et l’album « Autour de minuit » mais la j’ai été ré approchée (car je viens de faire l’enregistrement du Patrick Sebastien du 11 Avril) par les 2 personnes qui s’occupent de cette tournée pour éventuellement en être peut être la vedette et éventuellement faire le Stade de France, c’est en étude. Et j’ai donné un accord de principe.
10 / Dans la nouvelle scène française y’a-t-il une personne avec qui vous aimeriez faire un duo ou qui vous a proposé cet exercice ?
Alors je dirais que j’aime beaucoup La Grande Sophie, mais non je n’oserais jamais demander des choses comme ça. Ca m’aurait amusée de faire un duo rigolo et totalement décalé avec Julien Doré, je l’aime beaucoup mais il a d’autres choses à faire ce garçon, mais ça m’aurait beaucoup attirée. Je ne me prends pas du tout au sérieux, j’ai beaucoup de distance avec ce que j’ai fait et ça me ferait plaisir qu’un type ai ce genre de décalage. Ca me ferait rire que Julien par exemple à l’Alhambra vienne faire un truc totalement décalé avec moi et qu’il s’amuse à re-interprété à sa manière une de mes chansons. Après je rêve qu’un garçon comme par exemple Jacques Dutronc me fasse un morceau, mais ce n’est que du domaine du rêve, ce sont des gens tellement occupés.
11 / Et justement que pensez vous des émissions de télé réalité pour découvrir des talents et auriez vous pu faire partie d’un jury ?
Oui, alors moi j’aime beaucoup la Nouvelle Star, je colle beaucoup moins à l’esprit de la Star Academy, je ne sais pas à cause de quels ingrédients. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup plus de compétences et de véritables espoirs dans la Nouvelle Star, je trouve que quand le jury, que je trouve très professionnel, auditionne les jeunes talents on à déjà une sélection qui place la barre très très haut. Je trouve qu’ils sortent des garçons et des filles qui ont déjà une âme artistique plus présente. Après je ne connais pas les coulisses, mais en même temps oui j’aimerais faire partie d’un de ses jurys, je trouve ça intéressant, au fond moi j’ai appris toute seule sur le tas. Ma Star Academy a moi c’était la Bande à Basile dans laquelle j’ai fait mes premières armes car il fallait bien apprendre. Quand on faisait « la chenille » ou « les chansons françaises » moi ça me permettait d’apprendre les studios d’enregistrements, de perfectionner ma voix, d’aller en cours de danse alors que je n’avais pas les moyens et de passer sur scène, il fallait y aller. Il faut bien apprendre quelque part j’aime beaucoup les jeunes qui ont envie d’apprendre sauf que je pense qu’on apprend pas en 3 mois. Moi j’ai appris pendant 1 an et demi, 2 ans dans la Bande à Basile, c’était la réalité, j’avais aussi passée un casting mais il fallait être tout de suite plongé dedans. Après on m’a remarquée pour me faire enregistrer « Maria Magdalena » qui a marché et à ce moment là le music hall permettait que quelqu’un de merveilleux comme Sacha Distel remarque cette chanson et cette jeune femme qui débarquait et qu’il avait envie de la rencontrer pour lui faire faire une américaine. Vous imaginez vous étiez avec votre 1er album projeté en américaine de Sacha Distel et avec le duo « Un homme et une femme » donc c’était la vraie école qui durait sur plusieurs années d’apprentissage. Je ne pense pas qu’en 3 mois c’est suffisant, il faut apprendre au moins 3,4 ou 5 ans et même je trouve qu’on apprend toute sa vie.
12 / Vous parlez de la Bande à Basile, avez-vous encore des contacts avec d’autres membres ?
Euh, non pas vraiment, écoutez on était 8, je ne sais pas ce que sont devenus
les autres, moi je suis devenu moi, les autres je n’en ai jamais entendu parler donc on s’est un peu perdu de vue.
13 / Pour revenir sur la Star Academy, une des élèves, Jessica Marquez,
avait fait une reprise de Maria Magdalena, qu’en aviez vous pensé ?
Alors là aussi j’aime beaucoup cette jeune fille, je crois savoir d’ailleurs qu’elle va refaire un album bientôt. Moi j’avais rendu ce morceau très salsa et je l’aime beaucoup car
elle à repris sans le savoir dans une manière que j’apprécie et très bien réalisé. J’aime quand mes arrangements changent car j’écoute autre chose maintenant et heureusement j’ai évolué à ce
niveau là. J’aimerais beaucoup aussi qu’un jour cette jeune fille vienne interpréter avec moi sur scène « Maria Magdalena », elle m’a l’air très adorable.
14 / Vous avez l’air d’apprécier les jeunes artistes ?
Oui j’aime beaucoup de chose sauf les trucs un peu débile. L’autre jour on fait donc cet enregistrement de l’émission de Patrick Sebastien où l’on chante tous en direct avec le grand orchestre et j’écoutais Hélène Segara, ici il n’est pas question de nouvelle scène, mais je trouvais sa voix très cristalline et très belle. J’aime beaucoup les autres artistes tout simplement, je goûte les univers différents, c’est très enrichissant, chaque personne à quelque chose à dire et ça me nourrit, j’aime me nourrir des autres, le « moi-je » ça ne me suffit pas je ne suis pas comme ça.
15 / En 25 ans vous avez fait de très nombreuses fois l'Olympia à guichet fermé, est-ce une salle mythique pour vous et quel souvenir y avez vous ?
Oh oui, c’est vraiment habité, même refait c’est habité par l’âme de tous les grands qui sont passés dans cet endroit. Mais il y a d’autres salles, je suis très heureuse aussi de faire l’Alhambra car c’est aussi habité et le Casino de Paris est merveilleux aussi. Le Bataclan que j’ai adoré faire, j’aime beaucoup toutes ces salles où l’on peut encore voir les gens dans les yeux, je ne suis pas faite pour aller sur un machin immense, j’aime beaucoup les salles où il y a un échange humain. On entend presque le souffle du public c’est magnifique.
16 / Après ce concert, quels sont vos projets ? Album, tournée ...
Oui, moi je n’arrête jamais, je tourne tout le temps, je suis en concert quasiment toute l’année. Le 28 mai j’aurais déjà commencée à faire quelques concerts comme ça je serais bien rodée et les derniers je crois sont jusqu’en Octobre. Mais je ne m’arrête jamais, on me demande quelque chose j’y vais, j’adore la scène, je ne vis que pour le spectacle vivant. C’est pour ça que je suis très heureuse que le coffret collector se vende bien, je suis très contente.
17 / Je vous laisse le mot de la fin pour nos lecteurs.
Venez tous au spectacle vivant et surtout s’il vous plait ne télécharger pas illégalement. Venez nous voir à la fin des spectacles, moi j’aime bien rester, donner des autographes, discuter avec les gens. Privilégiez l’humanité.