Le fait que l'union européenne ait fermé la porte à tout débat sur la réforme du système international, proposée par la Chine et la Russie, soutenues par l'Inde et le
Brésil, passe absolument inaperçu. Quelle occasion pourtant pour le PS, ou la gauche, de faire preuve d'un peu de vision.
Il est sans doute trop difficile d'expliquer tout à la fois que l'Europe est une grande idée, qu'il faut voter en juin, mais que les commissaires européens se montrent d'une servilité abyssale dans
la défense du dollar. Une sorte de chloroforme semble donc empêcher toute réflexion dans l'Union. Comme Soeur Anne, en matière européenne, nous ne voyons toujours rien venir d'intelligent.
Ca n'empêche heureusement pas le reste du monde de s'intéresser à l'avenir de l'économie mondiale.
Un groupe d'experts des Nations Unies, présidé par Robert Stiglitz, vient de rendre des conclusions sur les remèdes à la crise
financière (en français. Les documents de l'Union européenne-qui-nous-rend-plus-forts sont le plus souvent en anglais only ; c'est à l'ONU qu'on publie aussi en français).
Conclusion principale : "JOSEPH STIGLITZ, PROPOSE LA CRÉATION D’UNE NOUVELLE FACILITÉ DE CRÉDIT ET D’UN AUTRE SYSTÈME MONDIAL DE RÉSERVES POUR SURMONTER LA CRISE"
Quelques idées tirées du communiqué :
Les experts...ont défendu l’idée de constituer un conseil mondial de coordination des politiques économiques, plus inclusif que le G-20, mais assez réduit pour ne pas compromettre le processus
de prise de décisions
...Aujourd’hui, a-t-il dénoncé, les pays en développement prêtent des sommes colossales aux pays riches, sans intérêts, parce qu’ils ont le sentiment qu’il est plus prudent de disposer de fonds de
réserve que de les dépenser. Le système mondial de réserves a été conçu pour des temps difficiles, mais le danger d’avoir un système reposant sur un seul pays est reconnu depuis longtemps,
compte tenu de son impact sur la confiance et la stabilité, comme on le constate actuellement avec les fluctuations du dollar. Par ailleurs, un système de deux ou trois pays vers lequel le
monde semble vouloir s’acheminer comporterait les mêmes risques. Un nouveau système est faisable rapidement et il peut être mis en place de façon à atténuer les pressions causées par
l’asymétrie entre les surplus et les déficits des pays.
...La deuxième question sur laquelle le Président de la Commission d’experts a attiré l’attention est celle de la création d’un conseil mondial de coordination des politiques économiques, qui
serait une bonne alternative au G-20
Voilà des analyses en plein dans le sujet. Voilà un enjeu qui pourrait aisément justifier que l'on y consente des abandons de souveraineté : une discussion ouverte sur le pilotage de l'économie
globalisée, et la création d'un organisme de régulation mondiale.
Voilà qui nous changerait des imbécilités de la Commission européenne, dont le dernier exploi en date, après avoir balayé d'un revers de
main la proposition chinoise, consiste à défendre la création d'un
vin rosé fait d'un mélange de rouge et de blanc.