Révélation (gballand)

Publié le 27 mars 2009 par Mbbs

C’est quand elle vit la photo dans l’encyclopédie animalière qu’elle feuilletait le soir avec son fils qu’elle se rendit à l’évidence : son patron était un gorille.
Elle avait déjà eu de sérieuses présomptions : quand elle l’entendait marmonner dans son bureau ou  quand elle le surprenait à la cantine entrain d’éplucher une banane. Mais là, plus de doutes possibles, une mutation irréversible s’opérait et elle devait en avertir le personnel.
Ce lundi-là, quand elle arriva au bureau avec une demi-heure d’avance, pour éviter les embouteillages, elle espéra ne pas tomber sur  Josiane. Josiane arrivait toujours très tôt, à croire qu’elle espérait une promotion du patron. Elle se demandait même si entre Josiane et lui...
Les lumières étaient éteintes, mais elle entendit des grognements lointains. Au fur et à mesure qu’elle avançait dans le long couloir sombre, les grognements redoublaient ; à tel point qu’elle se crut dans la jungle. Ça venait justement du bureau du patron. Tremblante, elle s’approcha à pas de loup, regarda par le trou de la serrure, et ce qu’elle vit la terrorisa. Elle courut aussitôt s’enfermer dans son bureau et n’en bougea plus. Son téléphone sonna à 8 h 30 précises, c’était le patron qui lui demandait de venir  avec le dossier Duranchon. Elle blêmit : le dossier Duranchon n’existait pas.
En parcourant les 50 mètres qui  la séparaient de son bureau, elle essaya de réfléchir à la meilleure attitude à prendre, mais elle n’arriva à aucune conclusion. Elle frappa. Il lui dit d’entrer d’une voix rauque. Dès qu’elle eut franchit le seuil de la porte, elle fut prise à la gorge par une forte odeur animale ; elle ne s’était donc pas trompée.
Le patron lui tournait le dos, sa silhouette massive occupait tout l’encadrement de la fenêtre. Il lui dit sans se retourner.
- Je vais devoir me séparer de vous Madame Bouton. Vous êtes bien trop curieuse.
Elle ne répondit rien et attendit, figée. C’est à ce moment là qu’il se retourna en se frappant le torse avec ses poings. Elle s’évanouit aussitôt.
Quand elle se réveilla, Josiane était à ses côtés avec un verre d’eau. Elle en fut presque rassurée, mais elle entendit des grognements lointains et Josiane se mit alors à pousser de petits cris perçants en fronçant le nez. Elle s’évanouit à nouveau.

* photo vue sur ce site : www.futura-sciences.com