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Crise Viticole.

Publié le 27 mars 2009 par Mélina Loupia
J'ai ouvert la bouche dès 14h.
Je l'ai refermée à 19h32 très exactement.

J'ai cru que jamais mes lèvres n'allaient pouvoir à nouveau se décoller.

En gros, j'aurais bu mon propre pipi tellement la moindre évocation de la gouttelette qui perle d'un robinet sué et se jette à corps perdu contre la paroi de l'évier me rendait dingue.

C'est alors qu'après tout ce temps de palabres, négociations, approbations, argumentations, et autres délibérations en tous genres et de saison, enfin, la récompense.

"On va pas partir sans boire un petit coup tout de même, ça serait manquer de respect à la Terre.
-T'as bien raison, fais péter Bacchus."

Bien que je savais pertinemment que n'ayant rien avalé de solide depuis 13h, et d'autant plus que le blé, y compris rissolé, agrémenté d'épices et condiments, ça reste quand-même dégueulasse, je n'avais en tout et pour tout dans ma panse 3 tasses de café et un yaourt au Nutella.

Autant dire qu'une gorgée du petit rouge qu'on s'apprêtait à me servir dans le gobelet en plastique ferait des dégâts considérables.

Mais rappelons-nous bien du contexte.
J'étais aussi tarie que la chatte allaitant depuis 2 mois ses 6 petits.
Plus déshydratée qu'une boite de daphnies.
Encore plus désséchée que si j'avais bouffé 4 éponges.

J'ai tout de même eu la présence d'esprit et la bienséance de lever ma main gauche, poser le petit sourire de jouvencelle, signifiant à mon barman de circonstance que l'abus d'alcool est dangereux pour ma soirée.

"Hop hop hop, pas plus haut que les bords."

C'est qu'il m'a pris au mot.

Quelqu'un aurait ouvert la porte et aussitôt, la surface de mon gobelet se serait troublée tellement le godet était ras la gueule.

Alors forcément.

Mes yeux se sont jetés sur le beuvrage salvateur qui allait instantanément réhydrater mon organisme, éclaircir ma voix et décoller ma langue du palais.
Le message au cerveau a été rapidement transmis, à ce détail près qu'il ignorait qu'il s'agissait du fruit de la vigne en état de fermentation avancé.

Alors poliment, j'a bu.
En 2 gorgées.
Je me suis isolée 5 secondes pour faire mon petit rototo, avant d'avaler de quoi pomper la dose, à savoir quelques chips et 500 grammes de cacahuètes.

Je n'ai même pas eu besoin de bégayer qu'il était temps de rentrer faire la soupe que l'heure de la seconde tournée avait déjà sonné.

"Tu vas pas partir sur une jambe non?
-Non."

C'est que je vis en plein coeur de la crise viticole.
Alors quand le vin est tiré, il faut le boire.

Quand un verre est plein, on le vide.

"Et quand il est vide, ébé je te plains.", m'a rétorqué le conjugué, vissé sur son trône, le pantalon aux chevilles, PC magasine sur les poils des cuisses, alors que je me tortillais comme un lombric en rut devant la porte des chiottes.


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