Hier matin, tôt levé, j’entame la rédaction du post d’aujourd’hui que j’avais décidé de centrer sur les auto-attributions de parachutes dorés, et autres bonus et stock-option à des PDG et cadres dirigeants dont les entreprises ont de mauvais résultats, qui licencient et délocalisent, ou qui reçoivent des aides de l’état.
30 minutes après, presque satisfait du résultat (que voulez-vous, trop de modestie est mon seul défaut), je vaque à mes autres (nombreuses) occupations, me préparant à un hamburger de midi chez Wayne’s en compagnie d’un copain quand soudain, la nouvelle tombe: N. Sarkozy a enfin décidé de règlementer le domaine des stock-options où il jouait les faux-culs depuis quelques mois. Dans l’attente des détails du décret qui sortiront, j’ai été contraint, sans avoir eu le temps de digérer le hamburger, de réécrire le post du jour. Reste qu’il n’est pas question, comme nous le voyons pour Suez-EDF, de moraliser les attributions de cadeaux divers aux dirigeantsd’entreprises qui ne reçoivent pas d’aides directes de l’état mais qui bénéficient néanmoins d’aides diverses, notamment en exonérations de charges.
Je m’étais déjà moqué du «code éthique» du Medef (tant qu’à faire, j’attends un «code éthique» pour les fraudeurs au fisc, puis un autre destiné aux voleurs à la tire, en attendant celui proposé aux pédophiles…), me posant la question: est-ce une question «d’éthique» ? Où, lorsqu’il y a aide de l’état, sont-ce des comportements délictueux s’assimilant à des détournements d’argent public ? Enfin et plus généralement, faut-il, pour les pauvres les rigueurs de la loi et des codes éthiques pour les riches ?
J’enchaînais avec: si les entreprises ont simplement de mauvais résultats, c’est une question d’éthique, contraire à la «culture du résultat» dont nous a gavé N. Sarkozy (pour les autres, pas pour lui). Cela créé néanmoins un précédent dont pourraient se réclamer tous les licenciés pour fautes professionnelles. Si les entreprises licencient ou délocalisent, c’est «limite», dans la mesure où des fonds publics devront s’acquitter des indemnités de chômage et d’une partie de ce que coûtent les reclassements. Si l’entreprise reçoit des fonds de l’état, c’est, pour moi, assimilable à du détournement de fonds publics et donc un délit à sanctionner comme tel.
Cette nouvelle a été ensuite éclipsée par les auto-attributions de 1, 1 million d’€ supplémentaire en stocks-options aux patrons de GDF-Suez, ce qui contribue paradoxalement à la transparence de la gestion de cette entreprise: je sais enfin à quoi auront servi les grosses augmentations du prix du gaz que nous avons subi en 2008. Auto-attribution à laquelle les deux dirigeants ont presque “spontanément” renoncé, non pas du fait de la bronca créée, mais “”dans un souci de responsabilité” et afin de réaffirmer l’objectif de “partage de la création de valeur avec [leurs] collaborateurs” (Le Monde).
On a aussi appris à l’occasion (Libération ) comment étaient répartis les profits de GDF-Suez, 6,5 milliards d’€ en 2008 (+ 13%): 74% pour les actionnaires (4,8 milliards d’€), une partie du reste pour l’investissement. Que voulez-vous, il faut préparer l’avenir et l’après-pétrole (c’est de l’humour)… Ces stock-options avaient pourtant été votées en Conseil d’Administration y compris par les représentants de l’Etat. Et attendons un prochain décret (vraisemblablement imminent vu le zèle moralisateur de notre Président) qui alignera la taxation des stock-options sur celle des salaires.
Cela avait déclenché (et on les comprend) une grève reconductible chez GDF car: “En pleines négociations avec la direction du groupe sur le pouvoir d’achat et alors que la direction “traîne des pieds”, “tout d’un coup, on découvre que Gérard Mestrallet (le PDG de GDF-Suez) et Jean-François Cirelli (le vice-président du groupe) s’octroient 10 millions d’euros de stock-options”, a expliqué Philippe Lepage, délégué CGT du terminal de Montoir”.
- Contagion ? “Des militants du parti de M. Besancenot dénoncent un “bug démocratique” Les anciens de la LCR sont accusés de verrouiller les listes aux élections européennes”. Le Monde. Le NPA ne serait que le spectacle mis en scène de l’ex-LCR ?
- Coût du meeting sarkozo-UMP de St Quentin: 400 000 €. Libération.
- Lancé en grande pompe, le Manifeste européen des Partis Socialistes a un gros problème de crédibilité avec le soutien apporté à Barroso par le socialistes anglais, espagnols et portugais. Puzzle socialiste.
- Le séjour mexicain chez un narco-trafiquant. Info ou intox ? Rue 89.
- Je l’annonçais hier, cela n’a pas traîné. Les intentions de B. Nétanyahou sur la Cisjordanie sont claires, avec le soutien des travaillistes israéliens qui assassinent ainsi une seconde fois M. Begin. Le Monde . “M. Nétanyahou s’est prononcé en faveur de la “croissance naturelle” des colonies, et il a clairement précisé ce que serait, à ses yeux, un Etat palestinien : un Etat démilitarisé qui n’aurait pas le droit de signer des accords avec qui bon lui semble. Il n’aurait pas la possibilité de contrôler son espace aérien ni le spectre électromagnétique, ni de disposer de ses réserves d’eau. (…) Benyamin Nétanyahou est partisan d’une plus grande autonomie dans des frontières non définies qui permettront à la colonisation de s’étendre. Dani Dayan, responsable de Yesha, l’organisme représentatif des colons, s’est récemment vanté d’être un proche du futur chef du gouvernement, et de pouvoir ainsi faire progresser de 10 % le nombre des colons en Cisjordanie, alors qu’il a augmenté de 5 % lors des trois années du mandat d’Ehoud Olmert (soit 45 000 personnes supplémentaires)”. Vous verrez qu’ils vont bientôt se prétendre militants de la paix et dénoncer ces terroristes palestiniens..!
- A lire absolument, le débat du Monde sur la crise. Tonique! “Qu’est-ce qui se passe sous un régime de libre-échange ? Les entreprises, les unes après les autres, se positionnent non plus par rapport à une demande intérieure, à l’échelle nationale, mais par rapport à une demande de plus en plus perçue, dans la réalité mais aussi de manière un peu mythique, comme une demande extérieure. Conséquence : les entreprises ne perçoivent plus les salaires distribués comme une contribution à la demande intérieure mais plutôt comme un coût qui les empêche d’être compétitives vis-à-vis de leurs concurrents mondiaux. Essayez d’imaginer ce qui se passe si toutes les entreprises, partout sur la planète, entrent dans une logique d’optimisation et de compression du coût salarial : vous arrivez à la situation actuelle ! Qui plus est, ce mécanisme est aggravé par l’arrivée de pays émergents, comme la Chine” (…) “Nous avons besoin de lien social, d’une autre agriculture, d’une autre politique de l’énergie, de santé, d’éducation, et moins besoin, au moins dans les pays riches, de téléphones portables, d’automobiles… Il nous faut réduire la consommation matérielle et la consommation d’énergie, c’est un enjeu essentiel au regard de la crise écologique que nous vivons”. Et ce n’est là qu’un très court extrait de la densité des échanges.