Contradiction au MNR sur un point non négociable

Publié le 26 mars 2009 par Micheljanva

Isabelle Laraque, secrétaire générale adjointe du MNR, livre une bien étrange réponse au sujet de l'affaire de l'avortement de Recife :

" (...) dans cette triste affaire où un conflit de la conscience ne peut que se manifester, l’Église semble avoir tranché rapidement. La morale chrétienne nous commande d’être charitable, d’aimer notre prochain. Dans le cas présent, où est le prochain ? Est-ce la fillette de neuf ans, ou les fœtus des deux jumeaux ? La raison devrait cependant dissiper cette hésitation en incitant à privilégier la mère, personne réelle et non virtuelle car qu’est ce qui garantie que la grossesse sera menée à terme et que les deux fœtus ne seront pas morts-nés ? Or dans le cas présent la situation impose un sacrifice. Qui doit-on sacrifier ? (...) L’interdire (l’avortement thérapeutique, NDPC) revient à instrumentaliser la mère et à la réduire à un ventre en la cantonnant dans son rôle de génitrice, enfin à nier sa douleur physique et morale (...)"

Tout d'abord, cette déclaration contredit la charte fondatrice du MNR ("la vie et la dignité doivent être respectées, de la conception à la mort naturelle") et s'oppose à la proposition 558 de son programme ("Inscrire dans la constitution le principe du respect de la vie, principe relevant du domaine du sacré").

L'Eglise n'a rien tranché rapidement. Comme vient de le confirmer la conférence des évêques de France, l'archevêque n'a excommunié personne mais il a rappelé que ce type d'acte (l'avortement) ouvre à de telles possibilités (l'excommunication latae sententiae), en accord avec ce que prévoit le Droit canonique.

Ensuite, nous rappellerons que l'Eglise ne considère par les foetus comme des êtres virtuels mais bien comme des personnes humaines. C'est pourquoi elle s'oppose également aux expérimentations sur l'embryon. En l'occurence, il n'y a pas à se poser la question de savoir qui était le prochain. Le prochain, dans ce cas précis, c'étaient trois personnes : la mère et les deux jumeaux. Et aucune loi divine n'impose ni sacrifice ni choix. Moralement, il n'est jamais licite de supprimer la vie d'un innocent pour sauver une autre vie. On ne peut invoquer dans ce cas le moindre mal car le bien était possible : tenter de mener la grossesse à terme d’autant plus que, contrairement à ce qui a été écrit, la vie de cette jeune fille n’était pas menacée. En outre, aucune grossesse n'est jamais assurée d'aller à terme...

Enfin, reprocher "l'instrumentalisation de la mère" ou de pas tenir compte de "la douleur physique et morale" de la mère sont des arguments qui ont été largement utilisés dans les années 70 pour obtenir la légalisation de l'avortement et qui sont aujourd'hui repris pour tenter de légaliser l'euthanasie (en remplaçant le mot "mère" par "malade en fin de vie").

Nous avons connu le MNR mieux inspiré (ici ou ici).

Philippe Carhon