Vagabondage (suite)
IX
- Dites-moi, vous qui êtes blonde, pourquoi vos congénères se sentent-elles obligées d'endommager le ciel qui les a vu naître à chaque fois qu'elle ouvrent la bouche ?
- Je ne sais pas, peut-être pour vous aider à pesteler à tout bout de champ ? Apparemment c'est une occupation qui vous plaît beaucoup, c'est même la seule que l'on vous connaisse depuis que vous n'avez plus d'élèves. Mais dites-moi, à votre tour, pourquoi êtes-vous venu vous égarer en Croatie si les blondes vous affligent à un tel degré ? C'est un peu s'être fourré dans la gueule du loup, non ?
- Formellement je ne les trouve pas affligeantes. Je dois même dire qu'elles sont d'une grande beauté. Lorsque je vagagonde dans les rues de Zagreb et que par inadvertance il m'arrive de leur filer le train, je sens mon coeur qui s'échappe, soit pour battre la chamade soit pour panteler sans dessus-dessous, mais en tout cas je voudrais être harponné dans leur sillage pour la fin de mes jours. En revanche, je dois vous dire que lorsque je songe aux Flamandes de mon plat pays, j'en attrape des hoquets.
- Vraiment, à ce point ?
- Ouf, vous ne pouvez pas vous imaginer, un blond d'une fadeur à vous retourner l'estomac.
- Ooh, pauvre voisin, pour une fois vous me faites presque de la peine. Que pourrait-on bien faire pour soigner vos hauts le coeur ?
- Tout d'abord, ce n'est pas compliqué, il me faudrait une épaule compréhensive. Les votres, par exemple, sont d'une courbure si fine et si délicate que...
- Suffit, suffit, pour rien au monde. Je vous vois venir avec vos ficelles fines comme du gros câble, mais je vous ai déjà dit mille fois que NON !
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